Réflexion sur le savoir de l’herboriste

Le savoir n’est pas un simple amas de notions éparses, ni une série de disciplines alignées comme des colonnes rigides. Le savoir est à l’image d’une molécule dont l’identité, les propriétés, les forces et les faiblesses résultent des liaisons que tisse la molécule entre chacun de ses éléments.

Dans notre pratique de l’herboristerie, chaque domaine qu’on explore comme la botanique, la chimie, la physiologie, l’immunité et bien d’autres, est comme un atome singulier, porteur de sa propre lumière. Ces atomes, pris séparément, restent comme des pierres dispersées. Ils attendent notre main, notre pensée, notre cœur pour s’unir en une œuvre véritable.

C’est dans les liens qu’on établit entre ces savoirs que naît l’âme de notre pratique, le souffle de notre propre vision, la manifestation de notre manière unique d’habiter le monde.

Mais les liaisons que nous formons ne sont pas neutres. Une connaissance mal reliée peut devenir stérile ou même nuisible. Une plante mal comprise peut perdre sa puissance, un corps mal écouté peut rejeter l’harmonie qu’on veut lui offrir. Notre rôle ne se limite pas à accumuler des savoirs, mais à tisser des liens entre eux pour créer du sens.

De ces liens naît l’âme de l’herboristerie. Une pratique qui n’est pas seulement une science, mais un langage. C’est ce langage qui permet de dialoguer avec les plantes, avec les corps, avec l’invisible.

C’est ce langage qui transforme une tisane en remède, un conseil en bienveillance, un savoir en sagesse.

Ce qu’on relie dans notre esprit forge aussi ce que nous sommes. Si on organise notre savoir comme un système rigide, il se répercute en une pratique froide et fermée. Mais si on laisse notre savoir respirer, évoluer, s’adapter à chaque personne, à chaque saison, à chaque contexte, alors c’est comme si on jardine de manière créative, avec attention et toujours en dialogue avec la vie.

Ce n’est pas seulement la plante, ni seulement le savoir, mais bien l’âme qu’on infuse dans la pratique qui guérit.

Tissons avec soin, avec humilité, avec amour pour être les herboristes dont le savoir est un jardin, et dont chaque remède porte la fragrance de l’harmonie entre la plante et l’humain.

Publié par PhytoGenfi

Formé à l'école des plantes de Paris, j'ai à coeur de transmettre la passion et le savoir des plantes médicinales. C'est l'objet de mon site

Un avis sur « Réflexion sur le savoir de l’herboriste »

Répondre à Aromathérapie Scientifique Annuler la réponse.