Santé intégrative : réparer une médecine devenue incomplète

Qu’est-ce que la santé intégrative ?

Le terme « santé intégrative » est aujourd’hui de plus en plus présent dans les discours médicaux, paramédicaux et sociétaux. Pourtant, sa définition reste souvent floue ou réduite à une juxtaposition de pratiques. Selon la définition donnée par le National Center for Complementary and Integrative Health (NCCIH), la santé intégrative est :

« Une approche des soins qui place le patient au centre et prend en compte l’ensemble des facteurs physiques, émotionnels, mentaux, sociaux, spirituels et environnementaux qui influencent la santé. »

Elle combine médecine conventionnelle et pratiques complémentaires fondées sur des preuves, dans un cadre de dialogue interdisciplinaire. Son ambition est de dépasser le modèle biomédical réducteur en proposant une approche globale, personnalisée, préventive et participative.

Cette approche est souvent présentée comme une « avancée » moderne, sans reconnaissance de ce qu’elle vient réparer : la perte progressive d’une vision plus englobante du soin dans la médecine occidentale.

Une grille plus ancienne : la médecine tibétaine et ses trois dimensions

La médecine tibétaine offre un modèle tripartite qui peut servir de grille de lecture à cette démarche dite « intégrative ». Elle distingue trois formes de médecine qui coexistent et se complètent :

  • La médecine somatique : elle s’occupe du corps physique par des moyens pharmacologiques, diététiques et manuels. Elle correspond au champ de la médecine scientifique moderne.
  • La médecine tantrique : elle agit sur les énergies subtiles, les canaux internes, les émotions, les visualisations. Elle mobilise la force symbolique, sensorielle et émotionnelle du soin.
  • La médecine dharmique : elle touche à la dimension spirituelle du patient, sa relation à la souffrance, au sens, à l’éveil. Elle vise une transformation profonde de la conscience.

Ce modèle ne hiérarchise pas ces formes de soin. Au contraire, il reconnaît que toute pathologie peut mobiliser un ou plusieurs de ces plans, et que le soin authentique est adapté à la situation, au degré d’évolution du patient, et à ses ressources.

La santé intégrative : un retour à une médecine plurielle

Plutôt que de la voir comme une innovation, on peut donc comprendre la santé intégrative comme une tentative moderne de réintégrer ce que la médecine occidentale a progressivement laissé de côté :

  • Les dimensions émotionnelles et symboliques du soin (tantrique)
  • La dimension spirituelle et existentielle de la maladie (dharmique)

Ces dimensions reviennent aujourd’hui sous des formes diverses : méditation de pleine conscience, accompagnement psycho-émotionnel, yoga thérapeutique, soins énergétiques, etc.

Loin de constituer une rupture avec la tradition, cette démarche intégrative peut être comprise comme un retour à une médecine plurielle, adaptée à la complexité humaine.

L’herboristerie comme composante naturelle de la santé intégrative

Dans ce paysage en recomposition, la pratique de l’herboristerie retrouve naturellement sa place. Elle repose sur un savoir empirique ancré dans l’observation du vivant, la connaissance des plantes et la compréhension des équilibres physiologiques et environnementaux. Cette approche systémique en fait un partenaire précieux dans les dispositifs de soin intégratif.

Loin de se réduire à la prescription de remèdes, l’herboristerie engage une relation sensible à la nature, aux cycles, aux temporalisations du corps et de la maladie. Elle invite à prendre soin autrement, en mobilisant des ressources simples mais puissantes : tisanes, extraits, bains, huiles essentielles, cataplasmes…

Les praticien·nes en herboristerie contribuent ainsi à enrichir les parcours de soin intégratifs par leur approche singulière : écoute fine des ressentis, accompagnement des changements de saison, prise en compte des déséquilibres fonctionnels, attention portée aux rythmes naturels du corps, et usage raisonné des plantes médicinales en soutien aux processus d’autorégulation, qu’il s’agisse de maintenir un équilibre de santé ou de favoriser un retour à celui-ci.

Publié par PhytoGenfi

Formé à l'école des plantes de Paris, j'ai à coeur de transmettre la passion et le savoir des plantes médicinales. C'est l'objet de mon site

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