L’huile essentielle de niaouli est tantôt présentée comme une huile indispensable, car très polyvalente et tantôt comme une huile lambda méritant peu d’attention. Dans la mesure où c’est une huile qui ne coûte vraiment pas cher, ça vaut le coup de s’y attarder pour savoir si oui ou non elle a sa place dans une trousse d’urgence. D’autant plus que c’est une huile utilisée depuis assez longtemps : on la retrouve dans ce qu’on appelle le Goménol, nom construit à partir du nom de la ville (plutôt commune) de Gomen. Une petite ville de Nouvelle-Calédonie où les populations locales consommaient régulièrement de la feuille de niaouli pour soigner plusieurs maladies.
Présentation botanique
Le niaouli est un arbre proche du tea-tree. Les deux arbres appartiennent d’ailleurs à la même famille botanique, celle des Myrtaceae et au même genre Melaleuca.
- Melaleuca alternifolia pour le tea-tree
- Melaleuca quinquinerva pour le niaouli
C’est un arbre qu’on trouve originellement en Australie, Nouvelle-Calédonie et Nouvelle Guinée. Il a été ensuite introduit avec succès dans plusieurs pays d’Afrique ainsi qu’aux États-unis où il devient facilement envahissant dans les zones marécageuses.
Son nom scientifique fait référence aux 5 nervures présentes sur sa feuille lancéolée, un peu comme sur la feuille de plantain. Un autre nom vernaculaire « Paper Bank Tea-Tree » fait référence quant à lui à son écorce de laquelle se détachent de fines couches d’écorces comme du papier.
L’huile essentielle
L’huile essentielle est issue de la distillation des feuilles, il faut environ 500g de feuilles pour faire un flacon de 10ml.
Composition chimique
Difficile de se faire une véritable idée sur cette huile sans prendre le temps de regarder sa composition chimique. La molécule majoritaire est le célèbre 1,8 cinéole. Ce qui place cette huile clairement dans les huiles dites respiratoires. Sa proximité avec le tea-tree ne se retrouve pas dans sa chimie puisque le niaouli contient en général 40 à 60% de 1,8 cinéole là où le tea-tree en contient rarement plus de 10%. C’est l’inverse pour les alcools terpéniques, puisque là c’est le tea-tree qui en contient entre 30 et 50% alors que le niaouli en contient moins de 10%.
Sur le couple Oxyde/Monoterpénols, finalement ces 2 huiles sont très complémentaires.
Une spécificité du niaouli, par contre, c’est sa teneur en alcools sesquiterpéniques, en l’occurrence le viridiflorol. Des taux très variables en fonction des lieux de production. En effet, une huile de Nouvelle-Calédonie, d’Australie ou de Madagascar aura une identité chimique bien spécifique.
On touche du doigt le premier problème avec l’huile essentielle de niaouli, il faut faire preuve de vigilance vis-à-vis de la provenance de l’huile. Même si l’huile essentielle de niaouli comporte plus d’une centaine de molécules différentes, il est pertinent de regarder de près les taux de 1,8 cinéole et de viridiflorol. Malheureusement il n’est pas toujours possible d’avoir ces informations. Sur certains sites on ne trouve même pas l’origine géographique.
Je déconseille donc fortement d’acheter une huile de niaouli si vous n’en connaissez pas l’origine géographique et si on ne peut pas vous renseigner sur le taux de cinéole et de viridiflorol.
Privilégiez plutôt une huile qui contient environ 50% de 1,8 cinéole et 10% max de viridiflorol. Les sites sérieux donnent au moins accès à ces informations.
Soit de manière directe, comme ici :

Soit de manière indirecte comme ici :

Le taux de viridiflorol n’est pas indiqué, mais on déduit facilement que ce taux est inférieur à 10%. Ceci dit, ne pas connaitre le taux exact peut poser problème si on cherche spécifiquement l’action du viridiflorol.
En général on préfère le niaouli de Madagascar car celui de Nouvelle-Calédonie peut avoir des taux de viridiflorol très important comme le montre ce tableau sur 3 variétés de Nouvelle Calédonie :

Propriétés de l’huile essentielle
L’huile essentielle de niaouli est surtout réputée pour ses propriétés anti-infectieuses à large spectre. C’est-à-dire qu’elle s’attaque aussi bien aux bactéries, qu’aux virus, aux champignons et au parasites. Elle est d’ailleurs parfois citée contre le paludisme. On la retrouve régulièrement citée pour lutter contre 3 sortes de virus, celui de la grippe et celui de l’herpès, qu’il soit labial ou génital, et le zona. Mais son activité anti-virale est bien plus large.
Son tropisme anti-infectieux est quand même bien localisé sur la sphère ORL. notamment grâce à sa forte teneur en 1,8 cinéole qui lui confère également de bonnes propriétés expectorantes et mucolytiques.
Une autre de ses propriétés remarquables est d’être radioprotectrice, c’est-à-dire de protéger la peau en cas de radiothérapie et l’aider à cicatriser.
On lui attribut également des propriétés antalgiques, anti-inflammatoire, décongestionantes veineuses et lymphatiques.
Enfin, ses propriétés oestrogène-like peuvent la rendre utile dans certains troubles hormonaux. Néanmoins elle sera fortement déconseillée aux personnes aux antécédents de cancers hormonaux-dépendants.
Au final, si on fait le bilan de ses propriétés, on pourrait presque dire que c’est une huile bonne à tout faire. Compte tenu de son prix et de sa facilité d’utilisation, finalement on n’a pas beaucoup de raisons de s’en priver.