
S’il y a un domaine dans lequel l’odorat influence de manière inconsciente nos choix c’est bien celui du livre ! On aurait pu croire que l’innovation technologique allait tuer le livre mais elle n’a fait que mettre en lumière l’attachement que nous avions au livre papier. Et l’odeur des livres y est pour beaucoup dans cet attachement.
Pourtant « sur le papier » le numérique a moult avantages. On peut faire du copier-coller, on peut associer directement des notes à un mot, une phrase ou une page, on peut avoir une bibliothèque complète dans une liseuse, une tablette ou un smartphone, on peut changer la grosseur des caractères et même la police, etc. Parier sur la survie du livre dans ces conditions paraissait hasardeux ! Mais c’était sans compter sur le pouvoir de l’olfaction ! On a bien cru un moment que la problématique venait de la lumière des écrans LCD, ce qui a poussé a développer les liseuses avec leur « encre » numérique, mais ça n’a pas suffit pour convaincre.
Aujourd’hui, on sait que ce qui nous lie de manière aussi forte au livre papier c’est son odeur. Les odeurs communiquent directement avec notre cerveau limbique, le siège de nos émotions. L’odeur des livres a ancré en nous le fait que lire est une activité émotionnelle. Émotionnelle par la perception olfactive, émotionnelle par les émotions dont les mots peuvent être les vecteurs. Même si nous ne sommes pas toujours conscient·e·s de l’odeur du livre, notre bulbe olfactif perçoit cette odeur et cette odeur participe à installer une sensation de bien-être qui fait de la lecture une activité anti-stress. Bien que sur ce point, le fait de se concentrer sur l’histoire qu’on lit participe également à réduire le stress en nous sortant de notre quotidien pour entrer dans une histoire qui n’est pas la nôtre. Mais négliger l’impact de l’odeur dans cette réduction du stress serait une erreur car la majorité du temps nous associons l’acte de lire à un moment de bien-être. On lit en vacances, on lit en week-end, on lit quand on a le temps. Par un mécanisme de renforcement positif, nous avons associé l’acte de lecture à un moment de bien-être. Renforcement positif qui fait que maintenant le simple fait d’ouvrir un livre ou sentir un livre peut suffire pour nous ramener dans cette état de bien-être.
Cet attachement au livre papier par l’odeur a fait évidemment fait l’objet de plusieurs études. On sait aujourd’hui que l’odeur d’un livre est une combinaison de l’odeur du papier, l’odeur de l’encre et l’odeur de la colle utilisée. On sait également qu’un vieux livre n’a pas la même odeur qu’un livre neuf. Notamment par le fait que la lignine contenu dans le papier s’oxyde avec le temps et se transforme en acide qui décompose la cellulose. Le papier dégage également des molécules comme le benzaldéhyde responsable d’une odeur subtile d’amande qu’on sent parfois dans certains livres.

Et notre attachement aux vieux livres pourrait tout à fait expliquer notre propension à acheter des livres pour ne pas les lire, mais les laisser vieillir. Une bibliothèque dans une maison devient de fait un anti-stress naturel en diffusant de manière subtile une odeur apaisante, et ce n’est peut-être pas le calme que nous venons chercher en premier dans une bibliothèque municipale mais ces composés volatiles qui viennent caresser notre bulbe olfactif.
On cherche souvent des huiles à diffuser pour retrouver un peu de sérénité, mais le monde des odeurs est bien plus vaste et parfois prendre un livre dans sa bibliothèque, l’ouvrir et le respirer peut suffire ! Et puisqu’il est ouvert, profitez-en pour vous offrir un moment de lectuthérapie ! Et si vous souhaitez vraiment retrouver le calme par les huiles essentielles, c’est par ici !