Un autre regarde sur le suicide

Parler de suicide n’est pas chose aisée. Mais impossible d’éviter le sujet quand on accompagne des personnes dans la gestion de leur stress et de leur l’équilibre psycho-émotionnel. Car le sujet revient régulièrement. Si la personne ne l’exprime que rarement au début de l’échange, au fur et et mesure que la parole se libère, on réalise à quel point ce n’est pas simplement une pensée qui traverse l’esprit. Ou plutôt à force de le traverser de plus en plus souvent, elle finit par s’installer durablement. Une fois installée, n’espérez pas la faire partir en disant « ça va aller »….

Comprendre le suicide nécessite de prendre du recul, beaucoup de recul ! La volonté de mettre fin à sa propre existence est loin d’être anodine. Justement l’existence parlons-en ! 

Un questionnement récurrent est de savoir si la vie a un but ? Puisqu’on pense souvent que c’est le moteur de l’existence. Cette quête d’un but s’associe trop souvent à un organe particulier, notre cerveau. Parce que nous avons un cerveau qui nous permet de manipuler aussi bien des images mentales que des concepts, on pense un peu trop rapidement que notre cerveau doit élaborer un but. On est tellement convaincue qu’il nous en faut, que si le cerveau est incapable de le formuler alors on le cherche en espérant qu’il s’impose à nous comme une mission de vie. 

Mais qu’en est-il des organismes sans cerveau ? Car s’ils ne sont pas équipés pour manipuler des concepts, il sont équipés pour ressentir leur environnement et agir dans un but tout simple : celui de leur propre survie. La chimie de leur organisme leur permet d’oeuvrer dans ce but. Ressentir l’environnement immédiat dans lequel ils sont et faire ce qu’il faut pour favoriser leur survie. Si le but n’est pas conscient, il serait difficile de nier que les organismes sans cerveaux oeuvrent pour maintenir leur existence et se reproduire. 

C’est ainsi que la vie a démarré sur Terre. Jusqu’à ce qu’un beau jour, certains organismes, qui devenaient de plus en plus complexes, ont développé un système nerveux et un cerveau pour optimiser leur stratégie de survie. On ne va pas détailler tout le fonctionnement du cerveau, mais il est indiscutable qu’il s’est développé pour optimiser notre interaction avec notre environnement dans le but de maintenir sa vie. Notre cerveau nous a permis de nous appuyer sur des connaissances mémorisées, de développer un raisonnement créatif et de prendre conscience de soi et des autres comme aucun organisme sans cerveau ne pourrait le faire. 

Si je reprends les mots d’Antonio Damasio dans son livre « Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience », le cerveau nous a permis de passer d’une intelligence non explicite que les organismes sans cerveau avaient pour optimiser leur survie à une intelligence explicite.

Aujourd’hui, nous nous interrogeons peu sur le pourquoi de notre cerveau mais ça a du sens de se rappeler qu’il a toujours cette fonction d’optimiser ce maintien de la vie. Et de manière basique et très simplifiée, les expériences agréables et désagréables nous ont aidé pendant des milliers d’années à optimiser notre survie. Seul le cerveau nous permet d’expérimenter cette notion de bien-être qui va au delà des fonctions biochimiques pour optimiser sa vie. 

Le cerveau doit donc composer avec deux environnements bien distincts, l’environnement extérieur et l’environnement créé par le cerveau lui-même dans la construction des images mentales et concepts qu’il manipule.

Alors quel rapport avec le suicide ? Le point commun avec ce qui vient d’être dit, c’est que les pensées suicidaires s’accompagnent quasiment tout le temps du même schéma mental :

« Je ne vois pas comment je peux survivre dans ces conditions, je ne trouve aucune solution pour maintenir ma vie et en avoir une expérience agréable. » La seule solution est celle que choisissent également les organismes les plus simples quand ils n’arrivent plus à maintenir leur existence. Quand l’énergie nécessaire au maintien de la vie est supérieure à ce que le système complet (bactérie, humain, etc.) peut fournir, alors l’évidence s’impose d’elle-même… la fin de vie.

Ce sentiment de ne voir aucune solution au maintien de la vie est ce qu’il faut comprendre quand on accompagne une personne pour qui le suicide représente la seule solution. Si on ne comprend pas ce point fondamental, il nous sera difficile d’apporter une aide efficace.

Précision importante quand une personne en arrive à vouloir mourrir, il est important qu’elle soit prise en charge et médicalement assistée. Un suivi médical est indispensable. L’accompagnement ne pourra se faire qu’en complément d’un suivi médical sérieux. 

Pris sous cet angle, le but de l’accompagnement est d’aider la personne à trouver de nouvelles stratégies de maintien de vie. Quoi que l’on puisse dire, si la personne ne voit pas se dessiner, une nouvelle voie, une nouvelle stratégie de maintien de sa propre existence alors il sera difficile de lui redonner goût à la vie. Si notre cerveau conçu pour optimiser nos chances de survie n’arrive plus a concevoir la moindre stratégie de survie, tout ce qu’on pourra dire sera inaudible. Et ces nouvelles stratégies ne pourront émerger que par l’écoute et la bienveillance. 

Dans ce genre d’accompagnement les huiles essentielles sont des aides précieuses. Les odeurs s’adressent directement à notre cerveau limbique, le siège de nos émotions. Les émotions sont fondamentales à notre survie. Dans notre évolution être capable de décrypter les émotions des autres, percevoir sur un visage l’agressivité ou la bienveillance à longtemps été nécessaire à notre survie. En s’adressant directement au cerveau limbique, une odeur peut aider une personne à se sentir mieux. Une simple odeur peut nous apaiser ou nous irriter. Dans le cadre de l’accompagnement, elles permettent, même si c’est de manière temporaire, de réinstaller un sentiment de bien-être qui permet l’échange. Elles permettent aussi de créer un « doudou » aromatique que la personne peut garder avec elle pour le respirer chaque fois qu’elle en ressent le besoin. Et c’est parce que les huiles essentielles permettent de réinstaller un sentiment de bien-être qu’on peut travailler à ouvrir une nouvelle voie, donner à l’esprit le sentiment que oui on voit le bout du tunnel et qu’un nouveau champ des possibles s’ouvre sur de nouvelles stratégies pour optimiser son maintien de vie dans ce monde. 

Publié par PhytoGenfi

Formé à l'école des plantes de Paris, j'ai à coeur de transmettre la passion et le savoir des plantes médicinales. C'est l'objet de mon site

2 commentaires sur « Un autre regarde sur le suicide »

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