C’est vrai ! L’usage des plantes médicinales s’est un peu perdu au fil du temps avant d’être remis au goût du jour. Et si on ne peut que se féliciter de cette résurrection, on peut aussi avoir un regard critique sur l’effet « Indiana Jones » qui l’accompagne.
Qu’est-ce que l’effet Indiana Jones ? C’est cette attitude que nous pouvons avoir face au savoir ancien. Cette attitude qui consiste à penser que ce savoir était abouti et que le redécouvrir c’est comme redécouvrir le saint-graal. On estampille les textes anciens du sceau de la vérité qu’on n’ose pas remettre en question.
Les différentes maisons d’éditions l’ont bien compris et beaucoup d’entre-elles proposent des ouvrages façons vieux grimoires qui donnent un peu plus l’impression à la personne qui l’achète qu’elle tient dans sa main un recueil ésotérique rempli de secrets anciens et éternels !
Or remettre au goût du jour la pratique de l’herboristerie et du savoir des plantes en général ne consiste pas à faire exactement ce que faisaient nos ancêtres, mais plutôt à leur faire honneur en poursuivant leur travail d’accumulation de connaissances. Le savoir ancien s’est acquis par l’étude. Les druides, les chamans, les sorcières, les herboristes etc. ne se contentaient pas d’ouvrir un grimoire pour pratiquer. Non, iels étudiaient sans cesse pour raffiner leur savoir et c’est ce que nous devons continuer à faire aujourd’hui. Bien évidemment il est normal qu’avant de poursuivre, on fasse l’état de l’art de ce qui se pratiquait, mais nous devons bien comprendre que la science a avancé à pas de géant ce dernier siècle, et que ce pas de géant enrichit de manière considérable notre pratique !
Perd-on le côté « ésotérique » ou « mystique » de ces pratiques pour autant ? Pas nécessairement ! C’est notre attitude face à la connaissance qui le détermine. Soit nous utilisons la connaissance pour avancer encore un peu plus dans ces territoires inconnus explorés par nos ancêtres, soit nous considérons que le savoir ancien est gravé dans le marbre et que notre seule attitude est de le figer pour l’éternité.
Un viel aphorisme zen dit :
Est-ce qu’un arbre qui tombe dans la forêt fait du bruit s’il n’y a personne pour l’entendre ?
Quand je m’amuse à poser cette question, suivant les personnes j’ai soit :
Oui parce que ….
Non parce que …
Maintenant, quand on prend cet aphorisme et qu’on le regarde avec l’éclairage de la physique quantique, dans laquelle un des grands principes est qu’on ne peut pas observer, mesurer ou détecter sans perturber, cet aphorisme prend un tout autre sens que je laisse à votre réflexion.
Alors attention, pour qu’il n’y ait pas de confusion, je ne suis pas spécialement fan de l’ajout du mot « quantique » dans les thérapies. Je ne dis pas que les thérapies qui utilisent ce qualificatif sont bonnes ou mauvaises, je dis juste que l’utilisation du mot « quantique » procède d’une profonde méconnaissance de la physique quantique. Une incompréhension profonde de la dualité onde-corpuscule, de l’intrication quantique etc. Mais ce n’est pas le sujet, je voulais juste illustrer comment la science moderne est capable de nous aider à alimenter notre réflexion pour comprendre et découvrir de nouvelles choses et garder notre attitude « mystique ».
C’est donc avec beaucoup d’enthousiasme que j’assiste à ce renouveau de l’herboristerie qui inclut bien évidemment toutes les formes galéniques que l’on puisse obtenir à partir des plantes. J’apprécie de voir qu’on n’a plus peur de remettre en question des textes anciens et qu’on est capable d’apporter des nouvelles pierres à ce merveilleux édifice.
Il y a bien plus de magie dans ce qu’il nous reste à découvrir que dans ce que nous savons maintenant expliquer.