Contrôler l’appétit par l’aromathérapie

C’est une question qui m’est fréquemment posée. Comme c’est un sujet complexe, j’ai pris le temps de le traiter dans une vidéo et un article pour en permettre une meilleure compréhension.

Pour pouvoir comprendre les solutions utilisées en aromathérapie il faut d’abord comprendre ce qui se passe dans notre corps quand on ressent la faim ou la satiété. Et en premier lieu comprendre pourquoi on mange.

Pourquoi mange-t-on ?

Cette question peut paraître anodine mais y répondre permet de mieux cerner le problème. Nous mangeons pour deux raisons :

  • Assurer un apport énergétique
  • Assurer un apport de nutriments indispensables au métabolisme

Le métabolisme est l’ensemble des réactions chimiques qui se passent dans notre corps pour nous maintenir en vie. Ce qui sous-entend qu’il y a un niveau minimal à garantir au corps pour assurer les fonctions nécessaires à la vie. On parle de métabolisme basal. Bien évidemment plus notre activité physique augmente, plus nos besoins en énergie augmentent.

C’est ce métabolisme basal qui explique pourquoi la restriction alimentaire n’est pas un moyen efficace pour perdre du poids. En effet, dès qu’on réduit les apports énergétiques, le premier réflexe n’est pas d’aller puiser dans les réserves de graisse mais plutôt de ralentir le métabolisme. Ce mécanisme a notamment été mis en évidence par une étude (EFFECT OF CALORIC RESTRICTION ON ENERGY EXPENDITURE IN OBESE PATIENTS, Bray, 1969) qui mesure le niveau de métabolisme basal ainsi que la perte de poids pendant une restriction calorique de 87% pendant 3 semaines.

Quel est le carburant du corps ?

Pour fonctionner nos centrales énergétiques cellulaires ont besoin de glucose. Mais ce glucose ne peut pas être directement absorbé par les cellules. Pour être absorbé, le glucose a besoin d’une hormone produite par le pancréas, l’insuline. Seuls les neurones n’ont pas besoin d’insuline pour absorber du glucose. Ce qui est plutôt une bonne chose car ça veut dire que nos neurones peuvent continuer à fonctionner même en cas de baisse d’insuline.

Puisque le glucose est le carburant du corps humain, on pourrait imaginer que la sensation de faim arrive quand le niveau de glucose dans le sang arrive à un niveau bas, et que la sensation de satiété arrive quand le glucose dépasse un certain seuil. Ce qu’on pourrait représenter par le schéma suivant.

Mais ce n’est pas ainsi que ça fonctionne. Si c’était le cas il faudrait attendre d’être en hypoglycémie ou que le corps choisisse un niveau bas assez élevé pour qu’il nous reste suffisamment d’énergie pour partir en quête de nourriture. Fonctionner ainsi n’aurait rien d’optimal.

Si les taux de glucose et d’insuline sont des bons marqueurs pour la faim ou la satiété, il semble délicat de jouer sur ces deux molécules pour agir de manière volontaire sur l’appétit dans un sens ou dans un autre.

L’hypothalamus et le contrôle de l’appétit

Je vous passe tous les détails de l’historique des recherches, mais on a fini par identifier dans l’hypothalamus une zone qui permet de réguler à la baisse ou à la hausse l’appétit. Sans trop rentrer dans les détails et pour que ça reste simple, on peut considérer qu’il y a deux centres. Un qui régule l’appétit à la hausse et un autre qui le régule à la baisse. Et chacun de ces centres peut d’une part recevoir des signaux d’activation ou d’inhibition, et d’autre part s’influencer mutuellement pour qu’au final notre appétit soit l’image du centre qui a reçu le plus de signaux d’activation. Ce qu’on peut représenter par les schémas suivants :

sans surprise, l’insuline va agir sur ces centres de contrôle de l’appétit. Si le taux d’insuline est élevé, ça va activer le centre qui réduit l’appétit et inhiber le centre qui stimule l’appétit.

La problématique consiste maintenant à identifier d’autres hormones qui activent ces centres pour voir si on peut volontairement contrôler l’appétit.

La leptine

La leptine qu’on appelle aussi l’hormone de satiété, est une hormone produite par les cellules adipeuses. Elle informe le cerveau des réserves de graisse. Plus le taux de leptine est haut plus elle incite à ne plus manger. D’où son nom d’hormone de satiété. La leptine agit sur le centre de contrôle de la même façon que l’insuline.

La ghréline

La ghréline est une hormone qui contrairement à la leptine va stimuler l’appétit. Elle est produite par l’estomac. C’est la raison pour laquelle elle est seulement activatrice du centre de stimulation de l’appetit.

Le peptide PYY3-36

Ce peptide porte un nom qui pourrait presque servir à baptiser un robot dans starwars. Il est produit par l’intestin, et le taux de ce peptide dans le sang s’élève très rapidement quand on ingère des aliments. Il permet de contrebalancer l’effet de la ghréline et contribue à diminuer le signal de faim au fur et à mesure qu’on mange.

La physiologie n’explique pas tout

Si comprendre les variables physiologiques aide à comprendre les mécanismes de l’appétit, elles ne suffisent pas pour permettre d’expliquer pourquoi nous avons faim alors que notre physiologie n’envoie pas de signaux exprimant un besoin de refaire le plein d’énergie.

Pour prendre sa « décision » finale, notre cerveau va également tenir compte de notre état émotionnel. Même si sur le moment nous n’avons pas faim, une simple odeur de croissant chaud peut nous donner envie d’en manger. Car nous associons l’odeur à quelque chose d’agréable.

De plus nous mangeons également pour nous faire plaisir, et dans nos sociétés qui deviennent de plus en plus stressantes, pour beaucoup de personnes l’alimentation est la seule façon qui reste pour se faire plaisir. Notre état émotionnel aura donc son mot à dire dans l’équation finale de l’appétit.

De même notre système nerveux autonome qui contrôle plusieurs fonctions autonomes comme la respiration ou la digestion influencera également la sensation d’appétit. Si le système parasympathique est sollicité, comme il a en charge la digestion, un parasympathique trop haut peut stimuler l’appétit.

Au final on peut estimer que l’équation de l’appétit a 3 composantes :

  • La physiologie
  • Les émotions
  • Le système nerveux central

Ce qu’on peut résumer par le schéma suivant :

Appétit et aromathérapie

Une fois qu’on a compris l’équation de l’appétit, on réalise qu’il est difficile d’agir sur la partie physiologie car ce n’est pas la partie la plus prépondérante dans la sensation de faim.

Avec les huiles on va surtout agir au niveau émotionnel, même si certaines huiles comme le patchouli peuvent diminuer la résistance à la leptine qu’on retrouve dans certains cas d’obésité.

Les huiles qui stimulent l’appétit

On a le poivre noir dont j’ai parlé dans une publication la semaine dernière, qui est un puissant stimulateur d’appétit. Une inhalation d’une minute avant de manger suffit pour le stimuler. On a également des huiles essentielles comme celles de cannelle, gingembre, giroflier, curry, fenouil, noix de muscade et même lavande. À ça on peut ajouter l’odeur de vanille qui stimule l’appétit.

Les huiles qui réduisent l’appétit

Les huiles capables de réduire significativement la pulsion de faim sont plus difficiles à trouver. Néanmoins on a des résultats intéressants avec l’olfaction longue d’huiles essentielles de pamplemousse, pin, menthe poivrée, d’osmanthus fragans qu’on appelle aussi l’olivier odorant. Une olfaction de trente minute de patchouli réduit également la prise alimentaire. D’ailleurs le patchouli fait partie des huiles qui pourraient limiter la résistance à la leptine dont j’ai parlé dans la partie théorique. Les graines de carvi ont donné également quelques résultats.

Des études mentionnent l’utilisation d’huiles essentielles par voie orale, mais sincèrement à éviter car les études n’ont pas évalué les effets indésirables à long terme. Notamment on parle du thymol pour diminuer la résistance à la leptine, une utilisation de longue durée est donc à proscrire.

Les principes actifs qui agissent sur l’appétit

Les stimulants

linalol, zerumbone, eugénol, méthyleugénol, acétate d’eugénol, trans-cinnamaldéhyde, acétate de cinnamyle, alcool trans-cinnamylique, 1-phényl-2-butanone, benzylacétone, acétate de bornyle, vanilline, vanillylacétone, éthylvanilline, myristicine, 2-méthoxycinnamaldéhyde, 3-phénylpropionaldéhyde, benzoate de benzyle, salicylate de méthyle , p-aniscétone et DMHF

Les réducteurs

le citral, le limonène, le D-limonène, le β-citronellol, le thymol et le 1,8-cinéole

Sources scientifiques

Effects of Essential Oils and Fragrant Compounds on Appetite: A Systematic Review
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC10178777/

Integrative Hedonic and Homeostatic Food Intake Regulation by the Central Nervous System: Insights from Neuroimaging
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC9032173/

Publié par PhytoGenfi

Formé à l'école des plantes de Paris, j'ai à coeur de transmettre la passion et le savoir des plantes médicinales. C'est l'objet de mon site

4 commentaires sur « Contrôler l’appétit par l’aromathérapie »

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