Il y a plusieurs façons de pratiquer l’aromathérapie. La plus simple est de se limiter à reproduire des recettes trouvées sur internet ou dans des ouvrages d’aromathérapie. Cette méthode, si elle permet un premier contact avec les huiles essentielles, nécessite parfois d’acheter plus d’huiles essentielles que nécessaires. En effet, de par leur polyvalence, il est souvent possible de remplacer une huile par une autre, chose qu’on ne peut pas faire si on se limite à reproduire une recette sans connaissance particulière de l’aromathérapie.
Une autre façon de pratiquer l’aromathérapie est de comprendre un peu mieux les huiles pour avoir la capacité à remplacer une huile par une autre en cas de besoin, voire à élaborer ses propres recettes. Cette deuxième méthode fait souvent suite à la première, lorsqu’une fois la découverte passée on se sent plus à l’aise avec les huiles essentielles. On a donc envie de comprendre pour gagner en autonomie.
Cette envie de comprendre se heurte souvent à l’idée fausse qu’il est nécessaire d’avoir des connaissances en chimie pour progresser avec les huiles essentielles. On entend parler de molécules, de familles chimiques et autres concepts qui peuvent démotiver si notre parcours scolaire ne contenait pas ou peu de cours de chimie ou que ceux-ci ont laissé un très mauvais souvenir.
Mais il n’en est rien ! Il est tout à fait possible de s’aventurer dans le monde des familles chimiques de l’aromathérapie sans utiliser la moindre notion de chimie. On posera juste comme base de départ qu’une huile essentielle est composée de plusieurs principes actifs, et que ces principes actifs peuvent être classés en familles. C’est tout !
Tout ça est possible car dans les livres d’aromathérapie tout comme sur les bouteilles d’huiles essentielles on a toujours accès aux noms des principes actifs qu’elles contiennent. Certains livres mentionnent même directement les familles chimiques comme dans l’exemple ci-dessous.

À aucun moment il nous est nécessaire d’avoir des notions de chimie pour tirer profit de ces informations.
Avant de présenter les familles chimiques dans le détail, on va poser un cadre, comment nous aborderons chaque famille.
Pour chaque famille 7 rubriques seront présentées.
- Les propriétés
- Les indications
- Les précautions d’emploi
- Les contre-indications
- La règle de nommage de la famille
- Quelques exemples de principes actifs de la famille
- Quelques huiles essentielles contenant la famille
Pour une famille, ces 7 parties sont regroupées en 2 visuels comme l’exemple ci-dessous. Bien entendu vous pourrez cliquer sur les images pour les agrandir.


Ça fait beaucoup d’information mais pas d’inquiétude, il n’est pas utile de toujours tout retenir par coeur. L’idée est que l’information soit accessible quelque part dans votre téléphone ou votre ordinateur quand vous en avez besoin. Vous pouvez pour ça télécharger les visuels comme aide-mémoire ou simplement les retrouver sur mon site ou mon compte Instagram.
Si vous souhaitez une version imprimable de l’intégralité de l’article voir en bas de page.
Les familles chimiques
En général, en aromathérapie on se focalise sur une quinzaine de familles chimiques. Les noms peuvent paraître complexes ou à consonance trop chimique, mais pas d’inquiétude prenez-les comme de simples noms des ingrédients d’une recette de cuisine. De plus on va voir qu’elles n’ont pas toutes la même importance. Pour cet article je retiens 16 familles :
- Les alcools monoterpéniques appelés aussi monoterpénols
- Les alcools sesquiterpéniques appelés aussi sesquiterpénols
- Les aldéhydes aromatiques
- Les aldéhydes terpéniques
- Les cétones
- Les coumarines
- Les esters
- Les ethers
- Les lactones
- Les monoterpènes
- Les oxydes
- Les phénols
- Les phtalides
- Les sesquiterpènes
- Les composés souffrés
- Les composés azotés
La première des choses qu’on va faire avec cette liste est de la réduire. En effet, dans un premier temps il n’est pas necessaire de les apprendre toutes puisque certaines sont finalement suffisament rares pour ne pas les considérer pour le moment. On supprime donc de notre liste :
- Les lactones
- Les phtalides
- Les composés souffrés
- Les composés azotés
Il ne nous reste plus que 12 familles qu’on sépare en deux groupes. Le groupe qu’on baptisera PAC pour avoir un moyen mnémotechnique. Ce groupe contient 3 familles
- Les Phénols
- Les Aldéhydes Aromatiques
- Les Cétones
Ces 3 familles sont importantes car dès que vous avez à faire à une de ces familles votre vigilance doit être accrue. Ce sont des familles dont l’usage est délicat et potentiellement dangereux. C’est un peu le même principe qu’avec les plantes sauvages. Si vous ne pouvez pas tout retenir, il est important de connaître au moins les plantes toxiques. Car ce sont sur ces plantes qu’il ne faut pas se tromper.
Le deuxième groupe contiendra les autres familles qui seront présentées dans la suite de l’article dans un ordre qui me paraît pertinent en gardant à l’esprit que cet ordre n’a rien d’officiel. C’est juste une proposition de ma part mettant l’accent sur l’intérêt des familles.
Les phénols
Les phénols sont réputés pour leur puissance. Ce sont des anti-infectieux puissants à même de venir à bout de tout type d’infections, qu’elle soient virales, bactériennes, fongiques ou parasitaires. Leur puissance nécessite un reflex de vigilance dès qu’on envisage de les utiliser. Cette vigilance est d’autant plus importante que les phénols ont déjà provoqué des accidents mortels.
Les phénols sont dermocaustiques, il est donc nécessaire de les diluer pour une utilisation cutanée et encore plus pour une utilisation orale. D’ailleurs la voie orale ne pourra être utilisée que sur des périodes très courtes pour ne pas risquer d’endommager le foie. On peut si besoin associer à tout traitement comportant des phénols des huiles hépatoprotectrices pour limiter l’impact des phénols sur le foie.
Les 3 phénols les plus courants sont :
- Le carvacrol
- Le thymol
- L’eugénol
Toutefois, l’eugénol a une place à part car il n’est pas toujours classé parmi les phénols, ce sera le cas dans certains ouvrages mais pas dans d’autres. Cela s’explique par le fait qu’il ne dérive pas des terpènes mais des phénylpropanes. Mais comme on a dit qu’on ne fera pas de chimie je n’expliquerai pas plus cette différence ici. Il est peu toxique sauf à forte dose. En tout cas qu’il soit classé dans les phénols ou pas, gardez un réflexe de vigilance dès que vous avez à faire à un phénol.
Les aldéhydes aromatiques
Comme les phénols les aldéhydes aromatiques sont des molécules très puissantes à manier avec précaution. C’est une famille très utile en infectiologie car à très large spectre. Elles est efficace contre les virus, les bactéries, les champignons et les parasites. C’est une famille à utiliser avec prudence. En général on rencontre cette famille quand on utilise la cannelle de Ceylan mais pas seulement.
Ce sont des molécules dermocaustiques qu’il est important de diluer avant d’utiliser par voie cutanée. Pour la voie orale on choisira un support adapté et surtout on l’utilisera sous le contrôle d’une personne compétente qui aura adapté la dose et la dilution.
Les cétones
Les cétones forment une famille difficile qu’il n’est pas forcement facile de manipuler ou comprendre si on manque d’expérience. Les effets des cétones sont souvent très ciblés et il n’est pas rare d’avoir l’effet inverse que celui attendu si la dose n’est pas maitrisée. Il est donc préférable d’attendre un peu avant de manipuler cette famille avec un minimum d’aisance. Je conseille même de ne pas trop s’en occuper au début. Il est plus intéressant d’apprendre les autres familles et garder celle-ci pour la fin. On retient juste que si on se retrouve face à des cétones on fera preuve de prudence. Bien sûr rien n’empêche de les utiliser si on trouve une formule efficace élaborée par une personne compétente, mais on attendra de mieux les comprendre pour les utiliser dans une synergie personnelle.
Il ne s’agit pas de les bannir non plus car plusieurs ont de l’intérêt. On peut par exemple facilement utiliser le romarin à verbénone pour soulager le foie, ou utiliser les italidiones de l’hélichryse italienne contre les hématomes, ce qui reste des emplois classiques d’un cétone à action ciblé.
Les alcools monoterpéniques
Les alcools terpéniques appelés aussi monoterpénols sont assez populaires en aromathérapie. Il faut dire qu’ils ont plusieurs avantages. Il sont faciles d’emploi, relativement sûrs et sont en tête de liste des molécules recherchées par le grand public. en effet, la première demande en huile essentielle vise les infections, généralement respiratoires mais pas seulement. Ça tombe bien c’est le domaine des monoterpénols. Des anti-infectieux à large spectre, pouvant gérer des infections virales, bactériennes, fongiques ou parasitaires. C’est une famille assez proche des phénols, moins puissants, mais avec beaucoup moins d’inconvénients.
Autre point intéressant avec cette famille est que ses propriétés anti-infectieuses se combinent avec une propriété immunomodulante, qui permet de travailler sur le système immunitaire en même temps qu’elle travaille sur l’infection.
Les oxydes terpéniques
Partenaires indispensables des monoterpénols dans les affections respiratoires, l’ajout des oxydes renforce le côté antiviral de l’association des 2 familles. C’est une famille clairement respiratoire, j’en parle plus en détail dans cet article et dans cette vidéo.
Les monoterpènes
Complément intéressant des deux précédentes familles dès qu’il s’agit d’agir sur l’arbre respiratoire. Les monoterpènes sont des décongestionnants des voies respiratoires mais sont aussi très intéressants dans la prévention lorsqu’ils sont diffusés pour assainir l’air ambiant. Ils stimulent le système immunitaire et sont souvent toniques du système nerveux.
Les Esters
Autre famille importante de l’aromathérapie, les esters sont intéressants dès qu’il s’agit de calmer d’apaiser, de détendre. Une famille qui agit aussi bien sur le système nerveux central que périphérique. Ils décontractent les muscles lisses ce qui en fait de bons antispasmodiques. C’est une famille importante dans la gestion du stress. Intéressant aussi bien contre les spasmes utérins que les spasmes intestinaux. Je ne rentrerai pas dans le détail dans cet article mais c’est quasiment une famille dans laquelle on peut choisir l’intensité de l’action recherchée car l’efficacité des esters est proportionnelle au nombre d’atomes de carbone. On retiendra juste qu’on peut classer les esters entre eux.
Les Éthers
On a tendance à les confondre avec les Esters. Non seulement leur nom de famille est proche, mais en plus leurs propriétés le sont aussi. Toutefois les éthers sont des antispasmodiques majeurs et nécessitent un peu plus d’attention vis-à-vis des précautions d’emploi sur certaines huiles à éthers. En tout cas il est parfois intéressant d’associer esters et éthers pour lutter contre les spasmes utérins par exemple.
Les aldéhydes terpéniques
À ne pas confondre avec les aldéhydes aromatiques qui sont issus d’une autre voie métabolique dans la plante. Et si les aldéhydes aromatiques invitent à la prudence, les aldéhydes terpéniques eux n’ont quasiment pas de contre-indication. On veillera juste à les diluer pour éviter les irritations cutanées. C’est une famille facilement reconnaissable à son odeur citronnée comme dans l’eucalyptus citronné. C’est une famille connue pour être anti-inflammatoire, raison pour laquelle on retrouve souvent des huiles contenant cette famille dans les synergies visant les pathologies inflammatoires de l’appareil ostéo-musculaire.
Les Coumarines
Son nom évoque la mer et le soleil, mais soleil et coumarines ne font pas bon ménage. en effet, les coumarines sont photosensibilisantes. C’est-à-dire qu’une exposition au soleil après une application cutanée engendrera une réaction chimique qui brulera la peau. C’est le point important à retenir pour cette famille. Pas d’exposition au soleil pendant les 6h qui suivent l’application. Une fois qu’on fait attention à ce point, on peut sans crainte bénéficier des propriétés des coumarines, propriétés anticoagulantes, sédatives, hypotensives par exemple. Les coumarines se trouvent généralement dans les agrumes, il est donc important d’en vérifier la présence dès qu’on a à faire à une huile essentielle d’agrume.
Alcools sesquiterpéniques
Les alcools sesquiterpéniques appelés aussi sesquiterpénols sont moins populaires que les monoterpénols. Même si ce sont également des alcools, les deux familles ne partagent pas les mêmes propriétés. Un peu comme les cétones, c’est une famille qu’on utilisera plutôt de manière spécifique, ce qui sous-entend une bonne connaissance de cette famille avant de l’utiliser. Il n’y a pas grand intérêt à les développer plus à ce stade, la synthèse ci-dessous suffira, mais il est important de savoir que cette famille existe.
Les sesquiterpènes
On en trouve peu dans les plantes mais la présence de sesquiterpènes n’est pas sans effet dans une huile. La famille en elle-même n’a pas vraiment de propriétés qu’on ne saurait trouver ailleurs mais un des membres de cette famille, le chamazulène a la particularité d’être anti-allergique. Et pour l’avoir utilisé ça marche plutôt bien ! On ne cherchera pas forcement une huile à sesquiterpènes, mais la présence de cette famille dans une huile peut aider à privilégier le choix d’une huile plutôt qu’une autre en fonction des propriétés recherchées. Ce peut être soit pour renforcer un effet ou soit pour ajouter un effet secondaire positif.
Il ne me semble pas utile dans dire plus sur les familles pour l’instant. Cet article se veut être une introduction laissant volontairement la chimie de côté pour poser des bases qu’il sera plus facile de compléter par la suite. Ça me permettra également de m’y référer en cas de besoin sans avoir à tout reprendre à chaque fois.
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