Analyse d’une production locale d’huiles essentielles

Lors de mon passage dans les Vosges, j’ai pu m’arrêter chez un producteur local d’huiles essentielles. L’occasion pour moi de regarder d’un peu plus près les huiles et plantes produites.

Avant d’aller plus loin, je précise que j’ai acheté tous les produits testés, ce n’est donc pas un article sponsorisé. Toutefois je remercie vraiment toutes les personnes qui travaillent dans cette production pour la qualité de leur accueil et le temps qu’elles m’ont consacré pour répondre à mes questions et me fournir les analyses chimiques quand je les demandais.

De manière générale, c’est plutôt une bonne chose que de regarder du côté des productions locales car on y trouve des plantes qui poussent naturellement dans la région ce qui est parfois un atout. Mais il ne faut pas tomber dans le mythe du « petit producteur » tout beau tout rose, il est important de garder un certain recul pour évaluer en toute objectivité la qualité de ce qui est produit et ne pas acheter les yeux fermés.

La production en question est la ferme du bien-être. J’ai eu la chance d’assister à une distillation, en l’occurence celle de la mauve. Elle ne donne pas d’huile essentielle mais un hydrolat.

Un petit diaporama de ma visite :

Puisque nous sommes dans les Vosges je m’attends à voir essentiellement des résineux et c’est le cas. Sur leur présentoir, les résineux sont majoritaires et côtoient d’autres huiles toutes aussi intéressantes mais pas forcément issues de plantes locales . Le présentoir n’est pas énorme mais cohérent avec une production locale. On y trouve une trentaine de références.

Alors que je regarde avec intérêt ce présentoir, mon oeil est attiré par un flacon de laurier noble. Du laurier noble dans les Vosges, je suis surpris… Non pas que le laurier noble ne puisse y pousser, car il pousse facilement un peu partout, mais surtout à cause du fait que chimiquement parlant, les meilleures huiles de laurier noble sont celles issues de lauriers cultivés autour du bassin méditerranéen. C’est ce que j’explique dans ma vidéo sur le sujet.

Je prends le testeur pour le sentir… L’odeur n’est pas au rendez-vous ! Je fais part de ma surprise de voir du laurier noble et on me dit que ce n’est pas une production locale, c’est un laurier noble qui provient de Hollande (donc encore plus loin du bassin méditerranéen ) et qu’ils distillent pour les producteurs. En échange ils vendent quelques flacons. Je reste dubitatif sur la qualité du laurier noble, je demande à voir l’analyse chimique qui confirme mon ressenti. Le taux d’oxyde (1,8 cinéole) est en dessous du minimum qu’on est en droit d’attendre pour un laurier noble de qualité thérapeutique. Il pourra dépanner faute de mieux, mais à acheter en connaissance de cause.

La menthe poivrée me fait vite oublier cette petite déception. Rien qu’à l’odeur on sent qu’on a affaire à une bonne huile essentielle de menthe poivrée. L’odeur mentholée est vraiment présente et agréable. Là encore je demande l’analyse chimique qui confirme un bon taux de menthol et de menthone, je la trouve vraiment bien équilibrée aussi bien sur le papier qu’en olfaction. Je l’ajoute à mon panier sans aucune hésitation et si jamais vous passez par là-bas ou commandez sur leur site, vous pouvez l’acheter les yeux fermés.

Vosges oblige, je me concentre maintenant sur les résineux. Mon objectif premier était d’acheter 3 résineux du coin pour les analyser à tête reposée. Mon choix se porte sur :

  • le sapin des Vosges (un sapin blanc), Abies alba
  • le pin sylvestre, Pinus sylvestris
  • le cyprès, Cupressus sempervirens

Le sapin des Vosges

L’odeur est clairement celle du sapin. Une odeur riche en monoterpènes. L’analyse chimique montre clairement une dominance du limonène (38,95%), puis de l’alpha-pinène (25,16%), du camphène (10,31%) et enfin du bêta pinène (2,77%)

Le sapin blanc n’est pas forcement une huile très utilisée en aromathérapie, néanmoins, c’est une huile qui trouvera facilement sa place dans une synergie à visée respiratoire, aussi bien contre les infections que pour assainir l’air, ou des synergies à visée antalgique contre les rhumatismes et l’arthrose par exemple. C’est une huile qu’il faudra impérativement diluer pour éviter tout problème cutané.

Le limnoène et le camphène lui donnent ses propriétés anti-infectieuses et anti-inflammatoires des voies respiratoires.

Les alpha et bêta pinènes lui donnent ses propriétés antalgiques.

En résumé c’est une bonne huile essentielle, elle m’a beaucoup plu, même si elle n’est pas forcément facile d’emploi. C’est une huile qui demande un peu de connaissance pour être pleinement exploitée, mais elle s’intègre facilement dans une synergie à visée respiratoire (entre 10 et 20%) ou s’utilise plus facilement en diffusion. Son odeur est vraiment très agréable. Si cette huile vous intéresse n’hésitez pas. Et si vous souhaitez juste la découvrir, elle est vendue en flacon de 5ml ce qui peut être une bonne occasion pour la tester.

Le pin sylvestre

Autre huile au tropisme respiratoire, le pin pourrait être employé comme l’huile de sapin des Vosges. C’est-à-dire dans une synergie à visée respiratoire ou en diffusion pour assainir l’air. Elle peut également trouver sa place dans les synergies visant à réduire les douleurs rhumatismales. C’est également une huile pouvant agir sur le système hormonal, mais il est préférable de l’utiliser sous le contrôle d’une personne compétente. De toute façon, je ne vais pas détailler les propriétés de l’huile essentielle, mais plutôt évaluer sa qualité. Notamment grâce à l’analyse chimique qui m’a également été fournie pour cette huile.

L’analyse révèle un taux d’acétate de bornyle très bas. En général on en attend entre 4 et 10%, là il y en a moins de 0,1%. Mais comme ce sont surtout les monoterpènes (les alpha et bêta pinènes qui représentent à eux seuls plus de 50% du mélange et le limonène) qui lui donnent ses propriétés respiratoires et toniques, dans l’absolu ce n’est pas trop grave. Elle risque juste d’être un peu plus dermocaustique, la présence d’une quantité significative d’esters aurait adouci la chose. Et un peu plus hypertensive, puisque l’huile essentielle de pin sylvestre est naturellement hypertensive. C’est donc une huile qui pourra s’utiliser parfaitement dans les synergies à visées ORL et tonique général. On l’utilise normalement contre les douleurs rhumatismales mais l’absence d’esters va réduire l’effet antalgique du couple ester/limonène. Donc à n’utiliser dans cet axe là qui si on n’a pas mieux.

Ici on touche du doigt l’importance de connaître et comprendre les familles chimiques qui permet de ne pas forcement exclure une huile essentielle sous prétexte qu’elle ne satisferait pas les taux attendus de telle ou telle molécule. Car si la signature chimique est différente de celle attendue, ça signifie seulement qu’on ne peut pas l’utiliser comme prévu. Mais elle peut se montrer efficace sur d’autre axes thérapeutiques. Dans le cas présent la signature chimique de cette huile de pin sylvestre permet de conclure que c’est une bonne huile à visée respiratoire. Utile dans les cas d’affections touchant les muqueuses respiratoires notamment. Et objectivement on utilise le pin sylvestre surtout pour ses propriétés respiratoires et toniques. Elle fera donc très bien le job ! Dans le cas du laurier noble c’était différent puisque les oxydes sont importants pour la qualité du laurier noble.

Coté précaution d’emploi il est indispensable de la diluer pour éviter tout problème cutané compte tenu de sa dermocausticité.

En résumé c’est une huile que je peux conseiller à l’achat si on la limite à ses propriétés toniques et respiratoires, ce qui est généralement le cas pour le pin sylvestre. Son odeur est agréable et elle pourra parfaitement intégrer une synergie dédiée à la diffusion pour assainir et parfumer l’air ambiant.

Je la déconseille par contre en cas d’hypertension.

Le cyprès

Je n’ai malheureusement pas pu avoir l’analyse chimique de cette huile essentielle car elle était justement en cours. Normalement je dois la recevoir par mail quand elle sera disponible. J’attendrai donc de la recevoir pour donner un avis définitif. Ce que je peux en dire, au niveau de l’étiquette on mentionne les 3 composés principaux, à savoir :

  • l’alpha-pinène
  • le delta3 carène
  • Le germacène

A ce stade on peut se dire que l’huile semble conforme à ce qu’on attend, mais il est toujours intéressant de connaître la quantité de cédrol, qui est un sesquiterpénol, qui doit être la plus faible possible.

Au niveau couleur et odeur tout est ok, l’odeur est vraiment agréable, je la trouve plutôt bien équilibrée.

Mon premier ressenti est plutôt positif sur cette huile.

En résumé

On a clairement affaire à des personnes sérieuses et agréables, ce qui donne confiance. Le fait d’avoir mis le distillateur visible de la boutique rassure. La boutique est vraiment super agréable, on y trouve des produits de qualité et l’offre est grande. On y trouve des plantes sèches, des hydrolats, des huiles essentielles, des macérats huileux, des savons, de bonnes choses à manger comme des confitures ou des pestos faits avec des plantes.

Le seul vrai point de réserve est sur le laurier noble, pour le reste je pense sincèrement que c’est un producteur chez qui vous pouvez commander sans crainte. Je suis vraiment content des huiles que j’ai achetées, avec un vrai coup de coeur pour leur menthe poivrée.

J’ai également acheté des plantes et des macérats huileux dont je ne parlerai pas ici mais qui dégagent la même impression de qualité.

Les familles chimiques de l’aromathérapie

Il y a plusieurs façons de pratiquer l’aromathérapie. La plus simple est de se limiter à reproduire des recettes trouvées sur internet ou dans des ouvrages d’aromathérapie. Cette méthode, si elle permet un premier contact avec les huiles essentielles, nécessite parfois d’acheter plus d’huiles essentielles que nécessaires. En effet, de par leur polyvalence, il est souvent possible de remplacer une huile par une autre, chose qu’on ne peut pas faire si on se limite à reproduire une recette sans connaissance particulière de l’aromathérapie.

Une autre façon de pratiquer l’aromathérapie est de comprendre un peu mieux les huiles pour avoir la capacité à remplacer une huile par une autre en cas de besoin, voire à élaborer ses propres recettes. Cette deuxième méthode fait souvent suite à la première, lorsqu’une fois la découverte passée on se sent plus à l’aise avec les huiles essentielles. On a donc envie de comprendre pour gagner en autonomie.

Cette envie de comprendre se heurte souvent à l’idée fausse qu’il est nécessaire d’avoir des connaissances en chimie pour progresser avec les huiles essentielles. On entend parler de molécules, de familles chimiques et autres concepts qui peuvent démotiver si notre parcours scolaire ne contenait pas ou peu de cours de chimie ou que ceux-ci ont laissé un très mauvais souvenir.

Mais il n’en est rien ! Il est tout à fait possible de s’aventurer dans le monde des familles chimiques de l’aromathérapie sans utiliser la moindre notion de chimie. On posera juste comme base de départ qu’une huile essentielle est composée de plusieurs principes actifs, et que ces principes actifs peuvent être classés en familles. C’est tout !

Tout ça est possible car dans les livres d’aromathérapie tout comme sur les bouteilles d’huiles essentielles on a toujours accès aux noms des principes actifs qu’elles contiennent. Certains livres mentionnent même directement les familles chimiques comme dans l’exemple ci-dessous.

À aucun moment il nous est nécessaire d’avoir des notions de chimie pour tirer profit de ces informations.

Avant de présenter les familles chimiques dans le détail, on va poser un cadre, comment nous aborderons chaque famille.

Pour chaque famille 7 rubriques seront présentées.

  • Les propriétés
  • Les indications
  • Les précautions d’emploi
  • Les contre-indications
  • La règle de nommage de la famille
  • Quelques exemples de principes actifs de la famille
  • Quelques huiles essentielles contenant la famille

Pour une famille, ces 7 parties sont regroupées en 2 visuels comme l’exemple ci-dessous. Bien entendu vous pourrez cliquer sur les images pour les agrandir.

Ça fait beaucoup d’information mais pas d’inquiétude, il n’est pas utile de toujours tout retenir par coeur. L’idée est que l’information soit accessible quelque part dans votre téléphone ou votre ordinateur quand vous en avez besoin. Vous pouvez pour ça télécharger les visuels comme aide-mémoire ou simplement les retrouver sur mon site ou mon compte Instagram.

Si vous souhaitez une version imprimable de l’intégralité de l’article voir en bas de page.

Les familles chimiques

En général, en aromathérapie on se focalise sur une quinzaine de familles chimiques. Les noms peuvent paraître complexes ou à consonance trop chimique, mais pas d’inquiétude prenez-les comme de simples noms des ingrédients d’une recette de cuisine. De plus on va voir qu’elles n’ont pas toutes la même importance. Pour cet article je retiens 16 familles :

  • Les alcools monoterpéniques appelés aussi monoterpénols
  • Les alcools sesquiterpéniques appelés aussi sesquiterpénols
  • Les aldéhydes aromatiques
  • Les aldéhydes terpéniques
  • Les cétones
  • Les coumarines
  • Les esters
  • Les ethers
  • Les lactones
  • Les monoterpènes
  • Les oxydes
  • Les phénols
  • Les phtalides
  • Les sesquiterpènes
  • Les composés souffrés
  • Les composés azotés

La première des choses qu’on va faire avec cette liste est de la réduire. En effet, dans un premier temps il n’est pas necessaire de les apprendre toutes puisque certaines sont finalement suffisament rares pour ne pas les considérer pour le moment. On supprime donc de notre liste :

  • Les lactones
  • Les phtalides
  • Les composés souffrés
  • Les composés azotés

Il ne nous reste plus que 12 familles qu’on sépare en deux groupes. Le groupe qu’on baptisera PAC pour avoir un moyen mnémotechnique. Ce groupe contient 3 familles

  • Les Phénols
  • Les Aldéhydes Aromatiques
  • Les Cétones

Ces 3 familles sont importantes car dès que vous avez à faire à une de ces familles votre vigilance doit être accrue. Ce sont des familles dont l’usage est délicat et potentiellement dangereux. C’est un peu le même principe qu’avec les plantes sauvages. Si vous ne pouvez pas tout retenir, il est important de connaître au moins les plantes toxiques. Car ce sont sur ces plantes qu’il ne faut pas se tromper.

Le deuxième groupe contiendra les autres familles qui seront présentées dans la suite de l’article dans un ordre qui me paraît pertinent en gardant à l’esprit que cet ordre n’a rien d’officiel. C’est juste une proposition de ma part mettant l’accent sur l’intérêt des familles.

Les phénols

Les phénols sont réputés pour leur puissance. Ce sont des anti-infectieux puissants à même de venir à bout de tout type d’infections, qu’elle soient virales, bactériennes, fongiques ou parasitaires. Leur puissance nécessite un reflex de vigilance dès qu’on envisage de les utiliser. Cette vigilance est d’autant plus importante que les phénols ont déjà provoqué des accidents mortels.

Les phénols sont dermocaustiques, il est donc nécessaire de les diluer pour une utilisation cutanée et encore plus pour une utilisation orale. D’ailleurs la voie orale ne pourra être utilisée que sur des périodes très courtes pour ne pas risquer d’endommager le foie. On peut si besoin associer à tout traitement comportant des phénols des huiles hépatoprotectrices pour limiter l’impact des phénols sur le foie.

Les 3 phénols les plus courants sont :

  • Le carvacrol
  • Le thymol
  • L’eugénol

Toutefois, l’eugénol a une place à part car il n’est pas toujours classé parmi les phénols, ce sera le cas dans certains ouvrages mais pas dans d’autres. Cela s’explique par le fait qu’il ne dérive pas des terpènes mais des phénylpropanes. Mais comme on a dit qu’on ne fera pas de chimie je n’expliquerai pas plus cette différence ici. Il est peu toxique sauf à forte dose. En tout cas qu’il soit classé dans les phénols ou pas, gardez un réflexe de vigilance dès que vous avez à faire à un phénol.

Les aldéhydes aromatiques

Comme les phénols les aldéhydes aromatiques sont des molécules très puissantes à manier avec précaution. C’est une famille très utile en infectiologie car à très large spectre. Elles est efficace contre les virus, les bactéries, les champignons et les parasites. C’est une famille à utiliser avec prudence. En général on rencontre cette famille quand on utilise la cannelle de Ceylan mais pas seulement.

Ce sont des molécules dermocaustiques qu’il est important de diluer avant d’utiliser par voie cutanée. Pour la voie orale on choisira un support adapté et surtout on l’utilisera sous le contrôle d’une personne compétente qui aura adapté la dose et la dilution.

Les cétones

Les cétones forment une famille difficile qu’il n’est pas forcement facile de manipuler ou comprendre si on manque d’expérience. Les effets des cétones sont souvent très ciblés et il n’est pas rare d’avoir l’effet inverse que celui attendu si la dose n’est pas maitrisée. Il est donc préférable d’attendre un peu avant de manipuler cette famille avec un minimum d’aisance. Je conseille même de ne pas trop s’en occuper au début. Il est plus intéressant d’apprendre les autres familles et garder celle-ci pour la fin. On retient juste que si on se retrouve face à des cétones on fera preuve de prudence. Bien sûr rien n’empêche de les utiliser si on trouve une formule efficace élaborée par une personne compétente, mais on attendra de mieux les comprendre pour les utiliser dans une synergie personnelle.

Il ne s’agit pas de les bannir non plus car plusieurs ont de l’intérêt. On peut par exemple facilement utiliser le romarin à verbénone pour soulager le foie, ou utiliser les italidiones de l’hélichryse italienne contre les hématomes, ce qui reste des emplois classiques d’un cétone à action ciblé.

Les alcools monoterpéniques

Les alcools terpéniques appelés aussi monoterpénols sont assez populaires en aromathérapie. Il faut dire qu’ils ont plusieurs avantages. Il sont faciles d’emploi, relativement sûrs et sont en tête de liste des molécules recherchées par le grand public. en effet, la première demande en huile essentielle vise les infections, généralement respiratoires mais pas seulement. Ça tombe bien c’est le domaine des monoterpénols. Des anti-infectieux à large spectre, pouvant gérer des infections virales, bactériennes, fongiques ou parasitaires. C’est une famille assez proche des phénols, moins puissants, mais avec beaucoup moins d’inconvénients.

Autre point intéressant avec cette famille est que ses propriétés anti-infectieuses se combinent avec une propriété immunomodulante, qui permet de travailler sur le système immunitaire en même temps qu’elle travaille sur l’infection.

Les oxydes terpéniques

Partenaires indispensables des monoterpénols dans les affections respiratoires, l’ajout des oxydes renforce le côté antiviral de l’association des 2 familles. C’est une famille clairement respiratoire, j’en parle plus en détail dans cet article et dans cette vidéo.

Les monoterpènes

Complément intéressant des deux précédentes familles dès qu’il s’agit d’agir sur l’arbre respiratoire. Les monoterpènes sont des décongestionnants des voies respiratoires mais sont aussi très intéressants dans la prévention lorsqu’ils sont diffusés pour assainir l’air ambiant. Ils stimulent le système immunitaire et sont souvent toniques du système nerveux.

Les Esters

Autre famille importante de l’aromathérapie, les esters sont intéressants dès qu’il s’agit de calmer d’apaiser, de détendre. Une famille qui agit aussi bien sur le système nerveux central que périphérique. Ils décontractent les muscles lisses ce qui en fait de bons antispasmodiques. C’est une famille importante dans la gestion du stress. Intéressant aussi bien contre les spasmes utérins que les spasmes intestinaux. Je ne rentrerai pas dans le détail dans cet article mais c’est quasiment une famille dans laquelle on peut choisir l’intensité de l’action recherchée car l’efficacité des esters est proportionnelle au nombre d’atomes de carbone. On retiendra juste qu’on peut classer les esters entre eux.

Les Éthers

On a tendance à les confondre avec les Esters. Non seulement leur nom de famille est proche, mais en plus leurs propriétés le sont aussi. Toutefois les éthers sont des antispasmodiques majeurs et nécessitent un peu plus d’attention vis-à-vis des précautions d’emploi sur certaines huiles à éthers. En tout cas il est parfois intéressant d’associer esters et éthers pour lutter contre les spasmes utérins par exemple.

Les aldéhydes terpéniques

À ne pas confondre avec les aldéhydes aromatiques qui sont issus d’une autre voie métabolique dans la plante. Et si les aldéhydes aromatiques invitent à la prudence, les aldéhydes terpéniques eux n’ont quasiment pas de contre-indication. On veillera juste à les diluer pour éviter les irritations cutanées. C’est une famille facilement reconnaissable à son odeur citronnée comme dans l’eucalyptus citronné. C’est une famille connue pour être anti-inflammatoire, raison pour laquelle on retrouve souvent des huiles contenant cette famille dans les synergies visant les pathologies inflammatoires de l’appareil ostéo-musculaire.

Les Coumarines

Son nom évoque la mer et le soleil, mais soleil et coumarines ne font pas bon ménage. en effet, les coumarines sont photosensibilisantes. C’est-à-dire qu’une exposition au soleil après une application cutanée engendrera une réaction chimique qui brulera la peau. C’est le point important à retenir pour cette famille. Pas d’exposition au soleil pendant les 6h qui suivent l’application. Une fois qu’on fait attention à ce point, on peut sans crainte bénéficier des propriétés des coumarines, propriétés anticoagulantes, sédatives, hypotensives par exemple. Les coumarines se trouvent généralement dans les agrumes, il est donc important d’en vérifier la présence dès qu’on a à faire à une huile essentielle d’agrume.

Alcools sesquiterpéniques

Les alcools sesquiterpéniques appelés aussi sesquiterpénols sont moins populaires que les monoterpénols. Même si ce sont également des alcools, les deux familles ne partagent pas les mêmes propriétés. Un peu comme les cétones, c’est une famille qu’on utilisera plutôt de manière spécifique, ce qui sous-entend une bonne connaissance de cette famille avant de l’utiliser. Il n’y a pas grand intérêt à les développer plus à ce stade, la synthèse ci-dessous suffira, mais il est important de savoir que cette famille existe.

Les sesquiterpènes

On en trouve peu dans les plantes mais la présence de sesquiterpènes n’est pas sans effet dans une huile. La famille en elle-même n’a pas vraiment de propriétés qu’on ne saurait trouver ailleurs mais un des membres de cette famille, le chamazulène a la particularité d’être anti-allergique. Et pour l’avoir utilisé ça marche plutôt bien ! On ne cherchera pas forcement une huile à sesquiterpènes, mais la présence de cette famille dans une huile peut aider à privilégier le choix d’une huile plutôt qu’une autre en fonction des propriétés recherchées. Ce peut être soit pour renforcer un effet ou soit pour ajouter un effet secondaire positif.

Il ne me semble pas utile dans dire plus sur les familles pour l’instant. Cet article se veut être une introduction laissant volontairement la chimie de côté pour poser des bases qu’il sera plus facile de compléter par la suite. Ça me permettra également de m’y référer en cas de besoin sans avoir à tout reprendre à chaque fois.

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Les huiles respiratoires

Le succès grandissant de l’aromathérapie fait qu’on cherche souvent des informations utiles et concises. C’est dans cet esprit qu’on voit régulièrement circuler des listes classant les huiles essentielles en fonction de leur utilité. La liste des huiles respiratoires, la liste des huiles circulatoires, des huiles relaxantes, etc. Ces listes sont intéressantes en première approche mais elles nous laissent en général sur notre faim. On ne sait pas si la liste est exhaustive et peut-être qu’une des huiles qu’on possède est respiratoire mais la liste ne la mentionne pas. Peut-être même que la liste contient une erreur. Bref, si en première intention ces listes ont leur raison d’être, comprendre ce qui permet de qualifier une huile comme respiratoire, circulatoire ou relaxante est plus intéressant car ça nous rend autonome dans le choix des huiles et, souvent, nous permet de faire avec ce qu’on a. Je vais donc détailler dans cet article ce qui permet de considérer une huile comme respiratoire.

Le système respiratoire

Pour comprendre pourquoi une huile est respiratoire, il est nécessaire de comprendre dans les grandes lignes ce qu’est le système respiratoire. L’idée ici n’est pas de se lancer dans un cours d’anatomie détaillé mais juste de comprendre quelques spécificités du système respiratoire.

Le système respiratoire permet d’amener de l’air contenant de l’oxygène jusqu’aux alvéoles pulmonaires afin d’oxygéner le sang et d’expulser le gaz carbonique contenu dans le sang. Ça a bien sûr d’autres fonctions, comme réchauffer l’air entrant et l’humidifier mais globalement on va garder ce fonctionnement à l’esprit. Le système respiratoire est donc une zone d’interface entre l’extérieur et l’intérieur du corps. On distingue en général les voies respiratoires hautes composées du nez, des fosses nasales, du pharynx et du larynx, et les voies respiratoires basses composées par le système bronchique, la trachée, et les petites bronches. Comme toute zone d’interface elle est confrontée à diverses agressions extérieures, que ce soient des organismes pathogènes ou simplement des poussières. À un moment donné, il faut donc faire un peu de ménage et sortir du système respiratoire tout ce qui n’aurait pas dû y entrer.

Pour se protéger, le système respiratoire dispose de plusieurs stratégies. la première est celle d’installer un filtre à l’entrée, c’est le rôle des poils dans les narines. Si ce filtre n’est pas suffisant, un deuxième mécanisme de protection prend le relais. Les muqueuses des voies respiratoires sécrètent en permanence du mucus dont la fonction première est de piéger ce qui aurait franchi le premier filtre dès l’instant que la taille est supérieure à 2 microns. Pour donner un ordre d’idée, un micron c’est mille fois plus petit qu’un millimètre. Bien évidemment, piéger ne suffit pas, il faut aussi montrer le chemin de la sortie à tout ce joli monde ! Et c’est là que rentrent en action les cils vibratiles qui tapissent la muqueuse respiratoire au niveau de la trachée et des bronches. Ils vont faire remonter le mucus avec tout ce qui est piégé dedans, pour, au choix, les recracher ou les avaler. On l’appelle cela l’escalateur mucociliaire. Pour éviter que les cils s’engluent dans le mucus, la sécrétion de mucus s’accompagne de la sécrétion d’une solution saline. Le mucus est déjà capable de s’occuper des organismes potentiellement pathogènes, et l’acidité de l’estomac finira de les détruire.

Schéma montrant les cils vibratiles et la production de mucus

On voit donc l’importance de maintenir à un niveau optimal la production de mucus et l’activité des cils vibratiles.

De quelles propriétés a-t-on besoin ?

On peut déduire de ces mécanismes de protection deux propriétés qu’une huile doit avoir pour être classée dans les huiles respiratoires : celle de favoriser la production de mucus, on appelle cette propriété mucolytique, et celle de soutenir le travail des cils, on l’appelle expectorante.

On peut bien sûr parcourir un livre d’aromathérapie et chercher les huiles qui auraient ces 2 propriétés. Mais il est plus intéressant de chercher la ou les familles chimiques responsables de ces propriétés et de chercher ensuite les huiles qui les contiennent. En faisant ce petit travail de recherche, on trouve que la famille chimique des oxydes, la famille du 1,8 cinéole appelé aussi eucalyptol, possède ces deux propriétés. Et qu’une huile contenant un quantité suffisante d’oxydes serait une bonne candidate pour être qualifiée de respiratoire.

Certaines molécules de la famille des monoterpènes, comme les pinènes, sont également expectorantes sans être forcement mucolytiques. La famille chimique des cétones, quant à elle, est plutôt mucolytique mais pas vraiment expectorante.

Pour rester simple, on peut garder en première intention qu’une huile contenant des oxydes et/ou des monoterpènes aura forcement des propriétés respiratoires.

Piéger et expulser ne suffit pas !

Lorsque des organismes pathogènes comme des virus ou des bactéries s’installent dans le système respiratoire, l’action combinée du mucus et des cils vibratiles peut ne pas être suffisante. Ce qui se traduit pas des infections et des inflammations dans l’arbre respiratoire et plus particulièrement des muqueuses.

Il est donc important de ne pas se contenter des deux propriétés précédemment citées. Il est impératif lorsqu’on traite les voies respiratoires d’associer aux propriétés mucolytiques et expectorantes des propriétés anti-infectieuses et anti-inflammatoires. Et c’est là qu’interviennent des familles chimiques comme les monoterpénols qui sont des anti-infectieux à large spectre et d’un emploi relativement facile.

Les phénols sont aussi des anti-infectieux puissants mais leur emploi délicat engendre pas mal de contre-indications et précautions d’emploi.

Pour le côté anti-inflammatoire, il faudra plutôt chercher vers des familles comme les sesquiterpènes, les aldéhydes terpéniques ou les esters.

Avant d’aller plus loin on peut donc résumer ce qui vient d’être dit de la façon suivante :

Une huile essentielle ou une synergie d’huile essentielles peut être considérée comme respiratoire si elle présente les caractéristiques suivantes :

  • mucolytique
  • expectorante
  • anti-infectieuse
  • anti-inflammatoire

Si on raisonne plutôt en famille chimique, on pourrait dire qu’une huile essentielle ou une synergie d’huiles essentielles peut être considérée comme respiratoire si elle contient dans les proportions adéquates :

  • des oxydes
  • des monoterpénols
  • des monoterpènes

Les huiles essentielles candidates

C’est pour ces raisons que des huiles comme le laurier noble, l’huile de myrte vert, les eucalyptus globulus ou radiata ou l’association du tea-tree et du ravintsara peuvent être considérées comme respiratoires. Les huiles essentielles d’épinette noire ou de pin sylvestre peuvent également rejoindre ce classement de par leur richesse en monoterpènes.

Bien sûr on pourrait complexifier un peu la chose puisque les huiles essentielles peuvent avoir d’autres propriétés intéressantes pour le système respiratoire comme celles d’être :

  • anti-tussive
  • décongestionnante des voies respiratoires
  • anti-catarrhale (combat l’inflammation des muqueuses)
  • béchiques (calme la toux et les irritations du pharynx)
  • fluidifiante bronchique
  • etc.

Mais en première intention on peut vraiment retenir que le trio oxydes, monoterpénols et monoterpènes est une bonne base pour qualifier une huile ou une synergie d’huiles de respiratoire. Cette combinaison de familles chimiques permet de répondre à la majorité des cas touchant les voies respiratoires comme les infections hivernales par exemple qui sont responsables de la majorité des demandes d’huiles essentielles auprès des pharmacies.

Par l’examen des composants principaux d’une huile essentielles il vous sera maintenant facile de voir si une huile peut être qualifiée de respiratoire. Ou à l’inverse, de vérifier si une huile dite respiratoire l’est vraiment. Car la limitation des listes est qu’elles ne précisent pas vraiment quelle action cible l’huile essentielle sur le système respiratoire. Traiter une infection, une allergie, de l’asthme etc. ne se fera pas à partir des mêmes huiles et pourtant on pourrait toutes les classer comme respiratoires.

Lavande et petit grain bigaradier

Nous n’avons pas toutes et tous le même rapport aux odeurs des huiles essentielles. Par exemple, il n’est pas rare que pour certaines personnes l’odeur de la lavande incommode plus qu’elle n’apaise. Et il est indispensable d’en tenir compte lorsqu’on souhaite réaliser une synergie à visée relaxante et apaisante contenant des huiles aux odeurs fortes comme la lavande. D’où l’importance de toujours avoir des stratégies de remplacement.

Dans cet article, je vous explique pourquoi il est possible de remplacer la lavande (Lavandula angustifolia) par le petit grain bigaradier (Citrus aurantium ssp amara) lorsque la lavande n’est pas supportée. Je ne détaillerai pas chacune des huiles, je me limiterai à ce qu’il est nécessaire de savoir pour comprendre ce qui va suivre.

Propriétés principales

Ces 2 huiles ont les propriétés principales suivantes :

  • relaxantes et sédatives
  • antispasmodiques
  • cicatrisantes
  • antalgiques
  • anti-infectieuses modérées

Le petit grain bigaradier est notamment reconnu pour être équilibrant du système nerveux.

On pourrait limiter notre raisonnement au fait de se dire que ces 2 huiles sont relaxantes et sédatives pour justifier ce remplacement, et objectivement ça suffirait comme raisonnement. Mais il est plus intéressant d’analyser pourquoi ces 2 huiles aux odeurs si différentes sont finalement très proches l’une de l’autre. Un occasion d’aller un peu plus loin dans la compréhension des huiles essentielles par une simple analyse de leur composition.

Analyse des compositions chimiques

L’aromathérapie scientifique se base en grande partie sur la relation structure/activité des molécules composant les huiles essentielles. C’est-à-dire qu’il est possible de déterminer la propriété d’une molécule en regardant sa structure. On peut ainsi classer les molécules en familles biochimiques, chaque famille regroupant les molécules de structure similaire. On trouve par exemple la famille des monoterpènes, la famille des alcools monoterpéniques, la famille des phénols, des esters, des cétones, etc.

Dans le cas qui nous intéresse on constate que les deux huiles sont composées de deux familles chimiques principales :

  • les esters
    • 50 à 55% pour la lavande fine
    • 50 à 70% pour le petit grain bigaradier
  • les monoterpénols (ou alcools monoterpéniques)
    • 40 à 45% pour la lavande fine
    • 30 à 40% pour le petit grain bigaradier

Ces deux familles chimiques représentent donc presque la totalité des composés de ces deux huiles. On gardera à l’esprit que les chiffres donnent un ordre de grandeur, les valeurs pouvant varier d’une récolte à l’autre, voire même d’un ouvrage de référence à l’autre.

Les esters sont des molécules apaisantes, relaxantes, sédatives, équilibrantes, antispasmodiques : des molécules qui agissent sur le système nerveux pour ramener un état de calme. C’est une famille très importante à connaître en aromathérapie. Quand une huile contient cette famille on peut être assuré qu’elle apportera un côté calmant. Les molécules appartenant à cette famille ont des nom faciles à reconnaître car ils sont construit sur le même schéma : XXXXXate de XXXXXyle. Par exemple acétate de linalyle, angélate d‘isoamyle, benzoate de benzyle etc.

Les monoterpénols appelés aussi alcools monoterpéniques sont des molécules plutôt anti-infectieuses. C’est une famille également très importante de l’aromathérapie car on utilise beaucoup les huiles essentielles pour soigner des maladies infectieuses. Les monoterpenols sont d’un usage plus facile que d’autres molécules anti-infectieuses comme les phenols, plus délicats d’emploi. Les molécules appartenant à la famille des monoterpénols on des noms qui finissent en « ol ». Mais il faut faire attention car c’est aussi le cas des phénols. Il faudra donc toujours faire preuve de vigilance avec les noms se terminant en « ol ».

Si ces deux huiles contiennent des molécules de la même famille, on peut donc intuiter qu’elles auront des propriétés similaires. Et on aurait raison ! Mais la similitude ne s’arrête pas aux familles, car majoritairement les deux huiles contiennent les mêmes molécules, à savoir :

  • Le linalol pour la famille des monoterpénols
  • L’acétate de linalyle pour les esters

Les graphes ci-dessous illustrent ces comparaisons.

Comparaisons des taux d’esters
Comparaison du taux de monoterpénols

Ce constat pourrait surprendre compte tenu du fait que leurs odeurs respectives sont bien différentes. Mais ça permet de comprendre que finalement l’odeur d’une huile essentielle ne dépend pas toujours des molécules majoritaires et que la différence peut se faire sur les quelques pour cent apportés par une ou des molécules particulières.

Ces deux huiles sont donc parfaitement interchangeables en cas de besoin, ou simplement par goût ou préférence. Cette similitude repose grandement sur le fait que les esters et les monoterpénols sont largement majoritaires dans les deux huiles.

Ce cas d’école est intéressant pour comprendre l’importance de connaître les principales familles chimiques (une dizaine ou une quinzaine suivant notre motivation) car ça nous libère vraiment de la bobologie basée sur des recettes qui nous obligent à posséder un grand nombre d’huiles essentielles pour traiter un maximum de cas. Alors qu’une compréhension des familles chimiques apporte un degré de liberté supplémentaire en limitant notre choix à quelques huiles essentielles pour composer notre trousse d’aromathérapie et raisonner par équivalence si besoin.

L’occasion de voir ou revoir ma vidéo sur comment réaliser sa trousse d’aromathérapie minimaliste :

L’huile essentielle d’ylang-ylang

Partie botanique

L’ylang-ylang, Cananga odorata, est un arbre de la famille des annonaceae, originaire d’Asie du sud-est qu’on retrouve de manière native aux Philippines, en Malaisie, Madagascar ou Indonésie. Mais qui se cultive dans d’autres régions du monde comme la Chine ou la Réunion. Un arbre pouvant atteindre un maximum de 30 mètres à l’état sauvage, mais une hauteur de 15 mètres est plus habituelle. Par contre, lorsqu’on le cultive pour l’huile essentielle extraite de ses fleurs, on contraint la croissance à 2 mètres pour faciliter la récolte puisqu’il a l’avantage d’avoir des branches tombantes. C’est un arbre à croissance rapide, possédant des feuilles persistantes, alternes mais dans un même plan.

Lorsqu’il est cultivé, les arbres sont contraints pour garder leurs branches suffisamment basses pour faciliter la cueillette. Plus la fleur fleurit, plus elle devient jaune. D’ailleurs il est intéressant de constater que les composés volatils émis par la fleur ne sont pas les mêmes suivant le stade de floraison, d’où l’importance de ne pas la cueillir n’importe quand. Une différence suffisamment notable pour justifier une étude scientifique et expliquer ainsi la palette de parfums produite par la fleur tout au long de sa maturation. On peut gâcher une distillation si on y incorpore des fleurs non arrivées à maturité.

Différents stades de maturité de la fleur

Photo by Joël Bentzinger que je remercie au passage

Et c’est d’ailleurs la fleur qui va être l’objet de toutes les attentions, puisque c’est d’elle que sera extraite l’huile essentielle tant convoitée. Une fleur composée de 6 longs pétales disposés en une corolle à 2 étages, comme c’est bien visible sur cette photo. La floraison dure toute l’année avec un pic entre novembre et mars.

La fragilité de la fleur nécessite de procéder à la distillation juste après la récolte. Sa distillation est longue, elle peut durer jusqu’à 20h mais peut être fractionnée en 5 : c’est-à-dire qu’on pourra récupérer la première partie obtenue après quelques heures de distillation, puis continuer la distillation et récupérer une deuxième partie et ainsi de suite. Les 5 fractions de distillation ont chacune des usages bien différents, puisque ne contenant pas forcément les mêmes principes actifs. Ces 5 fractions sont :

  • l’extra supérieur, destiné à la parfumerie
  • l’extra, destiné à certains laboratoires pour des soins cutanés par exemple
  • la 1ère
  • la 2ème
  • la 3ème

Les 3 dernières distillations sont bien évidemment de moindre qualité et sont surtout utilisées comme composants d’une préparation plus globale dans laquelle l’olfaction n’est pas spécialement recherchée.

Pour une utilisation thérapeutique on prendra ce qu’on appelle le TOTUM, c’est à dire l’ensemble des principes actifs récupérés par la distillation complète et non une des 5 fractions citées ci-dessus. Il est donc important de s’assurer que l’huile essentielle qu’on utilise contient la mention ylang-ylang complet ou ylang-ylang totum.

Propriétés thérapeutiques

Usages traditionnels

Les fleurs d’ylang-ylang sont utilisées depuis longtemps de manière traditionnelle. En Polynésie, on la mélangeait avec l’huile de noix de coco pour en rehausser l’odeur de l’huile de massage. À Java et au Vietnam, on utilisait la fleur séchée pour traiter le paludisme et ses symptômes. On trouve même des pâtes préparées à partir de la fleur pour traiter l’asthme.

La fleur n’est pas la seule partie utilisée dans les usages traditionnels. Mélangée avec l’écorce, on la retrouve dans des traitements contre des maux d’estomac et la pneumonie.

Et bien évidemment l’effet aphrodisiaque de l’huile obtenue à partir des fleurs semble être reconnu depuis longtemps. Elle combine une action sur le mental en aidant au lâcher-prise tout en augmentant la libido. Ce n’est pas sans raison que plusieurs marques de parfum l’utilisent dans leur composition comme l’indique ce site présentant un classement des parfums à base d’ylang-ylang. Des parfums aussi célèbres que le N°5 de Chanel ou Coco Chanel en contiennent.

Une récente étude fait également mention de la propriété spermatotoxique de l’écorce d’ylang-ylang pouvant participer à la diminution de la fertilité masculine.

Propriétés de son huile essentielle

L’huile essentielle d’ylang-ylang est assez polyvalente, mais on la classe clairement dans les huiles relaxantes et apaisantes. Et c’est vrai qu’elle est reconnue pour sa capacité à détendre le mental, à favoriser le lâcher-prise, que ce soit en olfaction ou en cutané. Une huile rééquilibrante du système nerveux et très utile en cas de stress : son parfum puissant peut suffire à calmer, déstresser. De par ses propriétés calmantes, elle s’intègrera facilement dans des synergies pour traiter certains troubles du sommeil.

Cette propriété est assez reliée à sa capacité à booster la libido qui peut être perturbée par un mental trop présent. De fait elle va diminuer la capacité de concentration et favoriser le lâcher-prise. Mais son action sur le corps est bien réelle, son effet aphrodisiaque combine l’effet sur le corps et l’effet sur le mental. Il est à noter toutefois que même si elle est réputée aphrodisiaque pour les deux sexes, c’est plutôt une huile féminine. Pour autant, l’utiliser avec votre partenaire – quel que soit le sexe – ne pourra être que bénéfique si l’odeur vous est agréable. Elle peut parfaitement s’intégrer à la sensualité du moment puisqu’on va la diluer dans une huile végétale pour masser le bas du dos.

Pour rester sur la sphère génitale, c’est une huile très utile pour traiter les spasmes liés aux douleurs prémenstruelles. Elle peut totalement remplacer la camomille romaine dans le mélange que je préconise contre les règles douloureuses.

L’huile essentielle d’ylang-ylang peut également être utilisée contre des douleurs plus profondes, plus lancinantes, les douleurs névralgiques. Ses propriétés antalgiques permettent d’apporter vraiment un soulagement rapide même si celui-ci n’est pas forcement de longue durée. C’est une huile qui peut être une vraie source de réconfort et d’apaisement dans un contexte de soin palliatif ou dans le cadre d’un traitement anticancéreux. Elle sera également pertinente pour accompagner les synergies dédiées aux douleurs ostéo-musculaires, sa présence aidant à dénouer les tensions au niveau des muscles et des articulations. En association avec le tandem gaulthérie/eucalyptus citronné par exemple.

Son action sur le système nerveux lui donne des propriétés hypotensives intéressantes. En effet, c’est une huile qui réduit l’activité du système nerveux sympathique, impliqué dans l’augmentation de la tension artérielle. De même elle va calmer les palpitations cardiaques, les arythmies, les tachycardies. C’est clairement une huile qui peut intégrer une synergie à visée cardiaque.

Bien entendu, si on souffre d’hypotension ou qu’on a des variations de tension importantes, il faudra éviter de l’utiliser ou bien l’utiliser sous contrôle médical.

Ses propriétés ne s’arrêtent pas là puisqu’elle est également intéressante pour régénérer la peau après une brûlure. Elle se combinera à merveille avec la lavande officinale. Elle pourra également aider à la régénération des cheveux après une perte due à une chimiothérapie, un stress ou autre : il suffira de mettre une à deux gouttes dans sa noisette de shampoing pour l’utiliser à cette fin. On peut également verser une ou deux gouttes dans une huile végétale pour ensuite se faire un masque capillaire qu’on laissera agir avant rinçage. L’huile essentielle d’ylang-ylang aide à réguler la production de sébum au niveau des cheveux et calme les démangeaisons du cuir chevelu.

Aromathérapie énergétique

C’est clairement une huile de la bonne humeur, de l’euphorie, de la joie de vivre. Sensuelle, elle réveille les passions et invite à profiter de la vie. Elle calme les colères, le stress, la frustration, elle détend, dénoue, décrispe. Une huile à avoir quand on est sujet aux tensions et au stress. Pour les personnes à qui ça parle, elle est associée au 2ème chakra, le chakra de l’ombilic.

Contre-indications et précautions d’emploi

C’est une huile facile d’emploi avec peu de contre-indications. Elle peut se montrer irritante sur la peau après un usage trop fréquent et son odeur assez puissante peut incommoder les personnes à tendance migraineuse.

Composition chimique

C’est une huile contenant majoritairement des sesquiterpènes (généralement plus de 50%). Les sesquiterpènes sont très polyvalents et plusieurs des propriétés de l’huile essentielle de l’ylang-ylang sont des propriétés des sesquiterpènes. Ils sont anti-inflammatoires, antalgiques, calmants, hypotenseurs, décongestionnants veineux et lymphotoniques.

Viennent ensuite les esthers qui vont lui apporter son côté calmante et relaxante. Elle contient notamment des benzoates qui sont les esters les plus puissants et donnent à l’huile une forte propriété antalgique. Les esters vont renforcer les propriétés hypotensives, antispasmodiques et antalgiques de l’huile essentielle. Ils sont aussi de bons rééquilibrants nerveux.

On retrouve également des éthers qui s’associent parfaitement aux esters pour les propriétés régulatrices du système nerveux, antispasmodiques et antalgiques. Des alcools monoterpéniques et sesquiterpéniques qui apporteront le côté tonique et stimulant cellulaire.

Enfin, elle contient également quelques phénols mais qui ne compliquent pas son utilisation compte tenu de leur faible concentration.

Pour conclure

Pour ma part, c’est une huile que je classe dans mes indispensables. Elle s’intègre à beaucoup de synergies et a vraiment toute sa place dans une trousse d’aromathérapie.

Souces :

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4534619/

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6270805/

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4473991/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ylang-ylang

https://www.sylvaine-delacourte.com/fr/blog/l-hypnotique-ylang-ylang

En finir avec les cystites à répétition

Bien que le choix soit plus vaste, deux plantes de la famille botanique des Ericaceae sont remarquablement efficaces pour lutter contre les infections touchant les voies urinaires. La bruyère, Calluna vulgaris, et la busserole, Arctostaphylos uva-ursi. Deux plantes qui lorsqu’on les combine gagnent en efficacité. Cette propriété commune est notamment due à la présence d’une molécule appelée l’arbutoside, qui subira plusieurs transformations chimiques lors de son passage par l’intestin, le foie et les reins. Transformations qui aboutiront à une molécule appellée l’hydroquinone, relativement proche des phénols ayant de bonnes propriétés antiseptiques. Cette molécule sera évacuée par les reins et pourra ainsi nettoyer au passage toutes les voies urinaires des bactéries pathogènes.

Cette molécule n’agit pas seule, elle agit en synergie avec les autres molécules de la busserole et celles de la bruyère pour combattre plusieurs souches bactériennes responsables des cystites. De plus, certaines molécules vont également directement agir sur la reconstruction et la cicatrisation de la muqueuse urinaire.

L’association des deux plantes effectue un vrai travail sur le terrain pour le rendre moins propice aux infections. À ces deux plantes, j’ai pour habitude d’en ajouter une troisième, l’ortie, Urtica dioica. Elle renforcera le coté anti-inflammatoire, soutiendra le travail des reins et apportera un effet reminéralisant. Ces 3 plantes forment vraiment la base de la formule. On peut y associer d’autres plantes, mais elles seront spécifiques à chaque personne. Retenez simplement que la formule de base pour prévenir des cystites à répétition est la suivante :

  • La bruyère, Calluna vulgaris. On utilisera la sommité fleurie. 100gr.
  • La busserolle, Arctostaphylos uva-ursi. On utilisera la feuille. 50gr.
  • L’ortie, Urtica dioica. On utilisera la feuille. 50gr.

La plante principale de cette synergie est la bruyère car elle est très sûre d’emploi et n’a pas vraiment de contre indication. Je lui associe la busserole qui est plus riche en arbutoside, ce qui va renfoncer le côté anti-infectieux. Par contre la busserole ne peut pas être utilisée de manière continue. C’est important de le souligner. On associe les deux au départ pour bénéficier de leur synergie, mais sur un temps limité.

Important : si vous prenez un traitement à base d’anti-inflamatoire non stéroidien, il faudra enlever la busserole du mélange pour éviter les problèmes gastro-intestinaux dûs à l’interaction médicamenteuse de la busserole.

Comment utiliser le mélange ?

Pour être efficace, il est recommandé d’en boire au minimum un demi-litre par jour. Mais un litre c’est mieux. Préparez la tisane avec une cuillère à soupe du mélange pour un demi litre d’eau. Laisse-la ensuite infuser 10 à 15 minutes à couvert.

Cette cure d’un mois est vraiment nécessaire pour stabiliser le terrain, bien nettoyer les voies uriniaires et permettre à la muqueuse urinaire de cicatriser. On agit en douceur sur la durée. Après cette cure, on peut se contenter d’une tisane de temps en temps ou continuer la cure une semaine par mois. On prendra soin d’enlever la busserole pour rester sur l’association de la bruyère avec l’ortie. Dans la majorité des cas le risque de rechute est rare mais au moindre signe d’alerte on peut repartir sur un demi-litre à un litre par jour jusqu’à disparition des symptômes . Si crise il y a, elle sera de faible amplitude.

Ce protocole peut paraître un peu contraignant, mais pour l’avoir conseillé à plusieurs personnes qui souffraient de cystites à répétition, les retours ont toujours été très positifs. Et quand on souffre de ces infections à répétition, boire régulièrement de la tisane est plutôt une solution simple.

Le système urinaire se met au repos la nuit, il est donc préférable lorsqu’on boit un demi-litre à un litre de tisane par jour, de le faire du matin jusqu’en milieu d’après-midi pour ne pas avoir à se lever pendant la nuit. Un détail qu’on a tendance à trop souvent oublier. Si on boit une tasse de tisane le soir passe encore, mais il est préférable d’éviter de tout boire en fin d’après-midi.

Pour aller un peu plus loin

La busserole

Ce sont les peuples nordiques qui exploitent la busserole pour ses vertus thérapeutiques depuis longtemps, usage qui finit par se répandre en Europe. Bien qu’elle ait plusieurs propriétés, son efficacité comme antiseptique des voies urinaires reste l’usage le plus répandu. C’est un arbrisseau aux feuilles persistantes qu’on retrouve généralement en regroupement très dense. Sa richesse en tanins fait qu’elle a longtemps été utilisée dans le tannage des peaux. On l’appelle également « raisin d’ours » à cause de ses fruits rouges très prisés par les ours. Son nom busserole trouve son origine en Provence où sa ressemblance avec le buis le fait appeler bouisserolo, qui veut dire buis.

La bruyère

Son usage dépasse le cadre médicinal car ses racines étaient utilisées pour confectionner des pipes et les ramures étaient utilisées en Bretagne pour les toits de chaume. La « terre de bruyère » – terre dans laquelle se décompose la bruyère – est utilisée par les jardiniers pour les cultures. On récolte les grappes fleuries au début de leur épanouissement.

Les huiles essentielles sont-elles écologiques ?

Une question revient souvent :

Les huiles essentielles sont-elles écologiques ?


Cette question est pertinente et quand on les utilise, on doit se la poser.


D’autant plus qu’on voit de plus en plus d’articles soulignant le caractère non écologique des huiles essentielles, basé essentiellement sur 2 critères :

  • le rendement à l’hectare, critère plus ou moins associé à la consommation d’eau nécessaire.
  • l’aspect toxique des molécules des huiles essentielles lorsqu’elles se retrouvent dans l’environnement via les eaux usées.


Vu comme ça en effet, le bilan des huiles essentielles est mal engagé et on peut culpabiliser d’acheter quelques huiles essentielles pour se soigner ou préserver sa santé.


Avant d’aller plus loin il est important d’avoir conscience de ce qu’est le marché des huiles essentielles. Car les huiles essentielles dédiées à l’aromathérapie et aux usages personnels ne représentent que 2% du marché mondial des huiles essentielles, comme le souligne ce document. Sans surprise, 98% de la production mondiale d’huile essentielles sont absorbés par 3 industries de masse :

  • L’agro-alimentaire (eh oui, beaucoup d’huiles essentielles se retrouvent dans l’alimentation pour donner du goût ),
  • la parfumerie, qui est certainement l’industrie qui utilise le plus d’huiles essentielles de fleurs pour leurs fragrances et à qui on ne reproche pas spécialement le coût écologique.
  • les cosmétiques.


On pourrait donc s’arrêter là et dire que l’impact écologique des huiles essentielles destinées à l’aromathérapie et l’usage personnel est négligeable par rapport au reste. Si on souhaite limiter l’impact écologique lié aux huiles essentielles, il est plus efficace de bannir plusieurs produits issus des trois industries de masse que je viens de citer.


Mais ce serait dommage de s’arrêter là ! Car même si l’aromathérapie ne représente de 2% de la consommation mondiale d’huiles essentielles, elle ne dispense pas d’avoir un comportement responsable.


Et pour ça, la première des choses à faire avant d’utiliser les huiles essentielles est de s’informer, d’apprendre et de comprendre. Sortir de la logique « je vois une recette sur internet et je la reproduis sans chercher à comprendre ». Car il faut comprendre pour voir si un conseil est pertinent. La méconnaissance des huiles essentielles conduit souvent à des surdosages ou des mauvaises utilisations qui comme je l’indiquais dans ma première vidéo étaient responsables de plusieurs milliers d’appels aux centres antipoison. Les surdosages sont également fréquents dans les produits ménagers maison. On a tendance à penser qu’une goutte ce n’est pas assez, qu’il en manque, alors que les huiles essentielles sont vraiment des concentrés de principes actifs de plantes et que bien souvent moins d’une goutte est nécessaire pour avoir un effet.


Vient ensuite la question de l’usage. Les huiles essentielles achetées par des particuliers le sont principalement pour 4 raisons :

  • La santé
  • Les cosmétiques
  • Les produits ménagers
  • Les diffusions de parfums d’ambiance

De manière générale, quoi que nous fassions, pour vivre, nous vêtir, nous déplacer, nous nourrir, nous soigner, etc. nos actions auront toujours un coût écologique. Notre responsabilité consiste donc à avoir conscience de ces coûts pour les limiter autant que faire se peut. Utiliser les huiles essentielles de manière responsable, c’est le faire en étant en accord avec ce principe.


Et même si nos besoins en huiles essentielles ne consomment que 2% de la production mondiale nous pouvons limiter leur utilisation à l’essentiel, sachant que cet essentiel peut varier d’une personne à l’autre.


Puisque c’est la thématique de mon site et de ma chaîne, attardons-nous sur l’utilisation des huiles essentielles à des fins thérapeutiques, et voyons comment le faire de manière responsable. On peut identifier 6 points important, et si vous me suivez depuis le début de mon activité, vous verrez que les 6 points que je présente sont omniprésents dans mes vidéos.

  • La première des choses à faire, est bien évidemment de se former un minimum à leur utilisation et ne pas se contenter d’appliquer des recettes sans comprendre. C’est notamment le but de ce site et de ma chaine de transmettre la passion et le savoir des plantes médicinales.
  • Deuxième point, n’acheter que des huiles issues de productions responsables et bio. Car le label bio n’est pas toujours un critère suffisant. On peut cultiver de manière bio en consommant des ressources rares en eau, ou monopoliser des terres qui auraient pu servir à des cultures nourricières.
  • Le troisième point est de ne pas se lancer dans une collection d’huiles essentielles mais viser plutôt une trousse minimaliste composée de 10 à 20 huiles polyvalentes grand maximum, avec lesquelles on pourra répondre à la majorité des situations. C’est la démarche que je privilégie depuis le début. A ce sujet, je vous renvoie vers ma vidéo sur comment construire sa trousse d’aromathérapie.
  • Quatrième point, on peut se passer des huiles très chères. Celles qui ont le plus gros impact écologique. Par exemple, la rose de Damas qui est souvent citée pour son faible rendement à l’hectare n’a rien qui la rend unique et indispensable. A part son odeur, il est facile d’avoir les mêmes propriétés avec des huiles ayant des rendements à l’hectare plus efficaces et donc un impact écologique plus faible.
  • Cinquième point important, pensez à la dilution qui permet d’utiliser moins d’huile essentielle. Comme je le disais, il faut parfois moins d’une goutte pour avoir des effets.
  • Et enfin sixième et dernier point, les utiliser à bon escient, c’est-à-dire utiliser les bonnes huiles pour le bon cas.

Concernant les besoins en eau souvent évoqués pour souligner le caractère non écologique des huiles essentielles il faut savoir relativiser. Les articles choisissent souvent pour illustrer ce point, la rose de Damas, qui est certainement le pire cas. Or comme on le vois dans le graphique ci-dessous, la rose de Damas, n’apparait même pas dans les 20 huiles les plus vendue. on ne peut donc pas se baser sur son cas pour généraliser aux autres huiles essentielles.

Le graphique montre également que l’huile essentielle la plus vendue en aromathérapie est le tea-tree. Arbre cultivé en Australie qui ne nécessite un arrosage assisté qu’au début de sa vie et un appoint pendant les périodes sèches. Le reste du temps, il ne nécessite pas d’arrosage particulier comme l’indique ce site.

Vient ensuite la lavande qui est une plante rustique qui ne nécessite pas d’arrosage important. Et si on considère l’huile essentielle de lavande vraie qui est issue de la cueillette de lavande naturellement présente en altitude, il n’y a pas d’arrosage autre que la pluie.

Après il serait mensonger de dire que la culture de plantes ne consomme pas d’eau, mais pour évaluer l’impact sur la consommation d’eau, il est nécessaire de regarder la plante cultivée, ses besoins en eau, si sa région est en stress hydrique et si l’arrosage entre en conflit avec les besoins vitaux des populations locales. Il est regrettable que la majorité des articles soulignant la consommation d’eau induite par les huiles essentielles ne prennent en référence que la rose de Damas qui est le pire cas. D’autant plus que c’est une huile très minoritaire dans les ventes annuelles compte tenue de son prix. Et comme je le disais, elle n’est pas indispensable à l’aromathérapie.

Petite précision par rapport au graphique, il s’agit bien des huiles vendues en pharmacie, car dans le marché mondial des huiles essentielles, les premières huiles vendues sont celles des oranges, menthes et citrons destinées à l’industrie agroalimentaire et qui représentent à elles seules 90% du marché. De plus les huiles essentielles d’orange et citron sont obtenues à partir des résidus (peaux) des oranges et citrons utilisés en agroalimentaire.

Donc en résumé, les usages personnels des huiles essentielles ne comptent que pour 2% dans la production mondiale, et les 2 huiles les plus vendues ne sont pas les plus grosses consommatrices en eau. Ramené à l’usage thérapeutique des huiles essentielles on voit bien qu’il n’y a aucune raison d’en stigmatiser l’usage.


Par contre, concernant la partie pollution provoquée par les huiles essentielles, elle résulte principalement de l’utilisation des huiles essentielles dans les produits d’entretiens et des lessives en particulier et je n’encourage pas spécialement cette utilisation. Je suis sur ce point totalement en phase avec les articles qui dénoncent leur utilisation dans les produits d’entretien.


Il n’y a donc aucune raison de stigmatiser l’utilisation thérapeutique des huiles essentielles lorsqu’elles sont bien utilisées. Elles ont un coût écologique comme chaque chose que nous faisons, comme cultiver du café, du tabac, du coton ou autres. Et il nous appartient de le minimiser par une utilisation responsable.

Sources : https://www.franceagrimer.fr/fam/content/download/56130/document/2.2%20-%20Etude%20FAM%20March%C3%A9%20des%20HE.pdf

https://www.jardinsdefrance.org/wp-content/uploads/2018/01/JdF636_1A.pdf

https://www.gardeningknowhow.com/ornamental/trees/tea-trees/australian-tea-tree-info.htm#:~:text=Once%20the%20tree%20is%20established,fertilizer%20can%20damage%20the%20tree.

Moustiques et huiles essentielles

Nous avons la chance d’être dans un pays où les moustiques sont rarement source de problèmes sanitaires graves. Pour autant, si nous pouvions passer nos vacances d’été en évitant de leur servir de garde-manger, ce ne serait pas plus mal.

Le côté désagréable d’une piqûre de moustique n’est pas la piqûre à proprement parler, mais plutôt la démangeaison qui en résulte. Démangeaison provoquée par la salive injectée par le moustique pour empêcher la coagulation du sang afin de faciliter son repas. En effet, la trompe (ou stylet) du moustique possède deux canaux. Un par lequel il injecte la salive, un autre par lequel il aspire le sang. C’est cette injection de salive qui est à l’origine de beaucoup de maladies à travers le monde lorsque le moustique est porteur d’organisme pathogène.

Seule la femelle moustique est équipée pour nous ponctionner une ration de sang. Elle peut en prendre jusqu’à 2,5 fois son propre poids. Nous devons nous y résoudre, notre sang est une bonne source de protéines pour permettre aux oeufs de la femelle fécondée d’arriver à maturité.

Maintenant qu’on sait tout ça, comment fait-on pour soulager une piqûre de moustique ?

La première chose à savoir est que si nous n’avons pas spécialement de problème allergique avec la salive de moustique et si nous résistons à la tentation de nous gratter pendant 10 minutes, le problème va se résoudre de lui-même. Par contre, qu’il nous prenne l’envie de gratter et c’est une réaction en chaîne qui se déclenche qui peut faire perdurer la gène pendant plusieurs jours. Donc si nous n’avons rien sous la main, il est bon de penser à autre chose…

Une solution à cueillir

Si on est en pleine nature ou plus modestement qu’il y a un coin de verdure pas trop loin, il se peut qu’on puisse trouver quelques feuilles de plantain. Il en existe trois sortes (enfin un peu plus mais on va rester sur 3) :

  • Le plantain major Plantago major
  • Le plantain média Plantago media
  • Le plantain lancéolé Plantago lanceolata

Voici deux photos de plantain :

Plantain major
Plantain lancéolé

Pour revenir à nos moustiques, ces 3 plantains auront les mêmes propriétés. Si on trouve un de ces trois plantains, on en prend une feuille qu’on malaxe entre nos doigts jusqu’à en faire sortir un jus. Quand ce jus est visible, on applique la feuille malaxée sur le bouton et on trouve un moyen de la laisser sur le bouton quelques minutes avec un bandage de fortune ou en la maintenant avec la main. Pour l’avoir essayé, c’est assez efficace. Ça l’est pour les piqûres d’insectes et même les piqûres d’orties.

La solution aromatique

Bien évidemment, les huiles essentielles ont leur rôle à jouer pour soulager la douleur occasionnée par les piqûres de moustiques. Pour savoir quelles huiles utiliser, il faut regarder les propriétés dont nous avons besoin. On peut estimer que les propriétés suivantes sont intéressantes :

  • désinfectante
  • anti-inflammatoire
  • antalgique
  • calme les démangeaisons

En aromathérapie, dès qu’on parle piqûre, on pense immédiatement à l’huile essentielle de lavande aspic, Lavandula spica. Une lavande de basse altitude qu’on trouve jusqu’à maxi 600 mètres et qui tire son nom de la vipère aspic puisqu’on lui prête la propriété d’inactiver son venin.

L’huile essentielle de lavande aspic est composée majoritairement de linalol qui est un alcool monoterpénique aux propriétés anti-infectieuses intéressantes. Ce qui va être utile dans notre recherche d’une huile désinfectante. Elle contient également une quantité non négligeable de 1,8 cinéole qui est un oxyde terpénique, peu utile dans notre problématique de moustique puisque c’est plutôt une molécule respiratoire, mais on sait que le duo alcool monoterpénique/oxyde terpénique est plutôt efficace contre les infections. Enfin, l’huile essentielle de lavande aspic contient également une quantité non négligeable de camphre qui a des propriétés antiseptiques et anesthésiantes, ce qui pour le coup est intéressant dans notre cas.

La lavande aspic pourrait répondre à elle seule à nos besoins et c’est souvent ce qui se passe en cas de piqûre puisqu’on se dirige naturellement vers cette huile prête à l’emploi. Si on souhaite n’avoir qu’une huile, c’est certainement le meilleur choix.

Maintenant, si on veut améliorer la chose, on peut envisager de se faire une synergie dédiée à soulager les piqûres de moustique. Pour cela on peut associer à la lavande aspic l’eucalyptus citronné, Eucalyptus citriodora.

Pourquoi l’eucalyptus citronné ?

L’eucalyptus citronné est une huile qu’on a l’habitude de voir dans les synergies dédiées à la gestion de la douleur. Ce qui est normal puisque que c’est une huile antalgique et anti-inflammatoire. Mais elle est également très efficace pour soulager les démangeaisons. Elle apportera donc une aide efficace à la lavande aspic.

Une autre raison de faire ce choix réside dans sa forte concentration en citronellal, molécule que les moustiques n’apprécient pas du tout. Une façon de dire aux moustiques d’aller voir ailleurs puisqu’on n’a pas forcement envie de nourrir tous les moustiques du coin au cas où la femelle repue viendrait à donner l’adresse aux autres moustiques.

Pour l’utiliser rien de plus simple, on réalise une touche aromatique sur le doigt et on masse sur le bouton. La touche aromatique permet d’avoir moins d’une goutte, ce qui est largement suffisant pour un bouton.

On pourrait bien évidemment mettre d’autres huiles dans la synergie mais je reste fidèle à une démarche minimaliste qui vise à n’en utiliser qu’un minimum, et ces 2 huiles sont suffisantes.

Remarque : de part sa teneur en camphre, la lavande aspic n’est pas forcément conseillée pour les personnes enceintes, allaitantes ou en bas-âge. On peut palier ce problème en la remplaçant par la lavande fine, Lavandula angustifolia. On prendra soin également d’adapter la dilution.

Avant de passer à la partie prévention, on peut résumer ce qui vient d’être dit par le visuel suivant :

En prévention

Soulager les piqûres c’est bien, mais ne pas se faire piquer c’est mieux. Là encore, les huiles essentielles peuvent nous aider. Si les moustiques nous repèrent grâce à notre dégagement de CO2, notre dégagement de chaleur et nos phéromones, il y a des odeurs ou plutôt des molécules qu’ils n’aiment pas du tout. Parmi ces molécules, on retrouve :

  • le citronellal
  • le citronellol
  • le géraniol

Une huile essentielle contient ces 3 molécules en quantité intéressante : la citronnelle de Java, Cymbopogon citratus.

Mais attention, c’est une huile irritante pour la peau et il est donc difficile d’imaginer s’en badigeonner le corps. Son utilisation cutanée requiert qu’elle soit diluée à 20% maximum dans une huile végétale. Mais même ainsi, il est difficile d’imaginer s’en servir plusieurs fois par jours pendant les mois d’été sur des grandes surfaces du corps. Il faut la réserver aux seules parties exposées.

On pourrait être tenté de la diffuser mais c’est une huile qui peut être lacrymogène pour certaines personnes. On peut par contre en déposer quelques gouttes sur un galet poreux ou une coupelle près de soi, ou sur les vêtements si ce n’est pas en contact direct avec la peau. Malgré ces précautions d’emploi, elle reste une huile intéressante à retenir pour cet usage.

Autre solution, puisque nous avons déjà utilisé l’eucalyptus citronné pour soulager les piqûres, on peut rester sur cette huile pour se faire une synergie répulsive. Sa forte teneur en citronellal et sa plus grande facilité d’emploi par rapport à la citronnelle de Java en fait un candidat sérieux. Par contre, sa teneur en géraniol et citronellol est beaucoup plus faible. Certes, une molécule c’est déjà mieux que rien, mais si on a la possibilité de lui associer le géranium rosat, Pelargonium x asperum, qui lui est riche en géraniol et contient aussi du citronellol, ça ne pourra qu’être mieux ! Préférez la variété Bourbon du géranium qui ne contient pas de cétone contrairement à celui d’Egypte.

On peut donc tout à fait envisager une synergie combinant l’eucalyptus citronné et le géranium rosat pour repousser nos amis piqueurs. La encore on se limitera aux zones exposées. Concernant les proportions, sachant que ces 2 huiles doivent être diluées pour ne pas être irritantes pour la peau, on peut partir sur une dilution totale de 20%, soit pour une fiole de 10ml :

  • 1ml ou 30 gouttes d’eucalyptus citronné
  • 1ml ou 30 gouttes de géranium rosat
  • 8ml d’huile végétale

Rappel : le nombre de gouttes au millilitre varie selon les marques (cf. ma vidéo sur la taille des gouttes). Au besoin, le nombre de gouttes devra être adapté. On adaptera également la dilution pour les personnes fragiles, enceintes, allaitantes ou en bas-âge. Par exemple, si on utilise une marque à 30 gouttes au millilitre, on mettra entre 6 gouttes de chaque pour les plus fragiles et jusqu’à 30 gouttes de chaque pour les adultes en bonne santé.

Bien entendu, il est possible d’utiliser ces 2 huiles essentielles ou la citronnelle de Java en diffusion. Mais il faut faire attention de les diffuser sur des courtes périodes d’une dizaine de minutes par exemple.

Ces huiles peuvent être irritantes pour la peau et lacrymogènes : on veillera donc à ne pas les diffuser en présence de personnes fragiles, enceintes, allaitantes ou en bas-âge.

Comme précédemment un petit visuel de synthèse :

Les 3 eucalyptus de l’aromathérapie

La vidéo qui résume l’article est en bas de page….

Les eucalyptus forment un genre botanique qui comprend environ 800 espèces. Sur ces espèces, une quinzaine sont distillées pour donner de l’huile essentielle. Mais 3 sont particulièrement connues :

  • l’eucalyptus globulus, Eucalyptus globulus
  • l’eucalyptus radié, Eucalyptus radiata
  • l’eucalyptus citronné, Eucalyptus citriodora

Cette popularité partagée par ces trois huiles essentielles fait qu’il n’est pas rare qu’on les confonde, où qu’on ait tendance à les considérer comme similaires. Je vous propose donc une synthèse pour clarifier tout ça et comprendre leurs différences.

Un peu de botanique

Les eucalyptus appartiennent à la famille botanique des Myrtaceae. Une famille dans laquelle on rencontre beaucoup de plantes aromatiques. Ce sont des arbres originaires d’Australie qui ont la particularité d’avoir une croissance rapide et de s’adapter rapidement. Ce qui fait qu’on peut en retrouver un peu partout sur le globe maintenant. Certaines espèces peuvent être très grandes (60 à 90 mètres), d’autres peuvent être considérées comme des arbustes voire des buissons.

L’eucalyptus globulus

On l’appelle parfois le gommier bleu car ses feuilles sont recouvertes d’une pruine (sorte de couche cireuse) bleu-gris. C’est un arbre qu’on trouve principalement dans le sud de l’Australie, bien qu’il fut un temps cultivé en Afrique et en Europe pour faire de la pâte à papier. Il est tellement lié à cette région du globe qu’il a été déclaré emblème florale de la Tasmanie.

L’eucalyptus radié

Originaire des mêmes contrées que le globulus, le radié a pour sa part la particularité de dégager une odeur de menthe poivrée lorsqu’on froisse ses feuilles. C’est certainement l’eucalyptus le plus utilisé pour ses huiles essentielles.

L’eucalyptus citronné

Son nom lui vient de l’odeur qu’il dégage. Même si on continue à l’appeler eucalyptus, il fait partie des plantes qui ont changé de genre dans la nouvelle classification. Ce n’est plus un eucalyptus mais un corymbia. Il se retrouve donc avec 2 noms valides

  • Eucalyptus citriodora
  • Corymbia citriodora

Pour comprendre ces changements, il faut savoir qu’initialement la classification des végétaux reposait sur l’observation des organes reproducteurs, à savoir les fleurs. Aujourd’hui la génétique vient chambouler un peu tout ça et le rapprochement génétique prime sur la ressemblance des fleurs.

Propriétés de leurs huiles

Chacune de ses 3 huiles a ses propriétés. Et s’il est vrai que le globulus et le radié semblent proches, le citronné, en plus d’avoir changé de genre a des propriétés très différentes. On commencera donc par son huile.

L’eucalyptus citronné

C’est de sa forte teneur en aldéhydes terpéniques (60 à 70%) qu’elle va tirer ses propriétés. Pour rappel, les aldéhydes terpéniques sont des composés chimiques dont le nom fini en « al » comme les citrals et qui ont cette odeur citronnée caractéristique. Les propriétés principales des aldéhydes terpéniques sont les suivantes :

  • anti-inflammatoires
  • antalgiques
  • relaxants et apaisants
  • hypotenseurs
  • répulsifs pour insectes

On va donc trouver facilement l’eucalyptus citronné dans des synergies visant à gérer les douleurs ostéo-musculaires et les inflammations; il s’associe très bien avec la gaulthérie. Je parle de ce duo dans cette vidéo :

On le retrouvera également dans les synergies visant à réduire l’hypertension. Ce n’est d’ailleurs pas forcement à cet usage qu’on l’attend, mais il a pourtant un réel intérêt.

Un autre intérêt est qu’il peut participer à une synergie répulsive pour insectes.

On peut donc retenir 3 grands cas d’utilisation pour l’huile essentielle d’eucalyptus citronné :

  • la gestion des douleurs et inflammations
  • la réduction de l’hypertension
  • répulsif

Les eucalyptus respiratoires

L’eucalyptus globulus et l’eucalyptus radié sont classés comme respiratoires. C’est dû essentiellement à la forte teneur des deux huiles en 1,8 cinéole (oxyde terpénique appelé aussi eucalyptol ) et en monoterpènes.

Le couple oxyde terpénique/monoterpènes est clairement typé respiratoire.

Les oxydes terpéniques sont :

  • décongestionnants respiratoires
  • expectorants
  • mucolytiques
  • antiviraux
  • immunomodulants
  • toniques du système nerveux

Les monoterpènes sont quant à eux :

  • antiviraux
  • expectorants
  • antiseptiques atmosphériques
  • autres propriétés non typées respiratoires

Le couple oxydes/monoterpènes représente 80 à 95% du total dans l’eucalyptus globulus avec une contrainte, les oxydes doivent être présents à plus de 70% pour le globulus soit considéré comme médicinal.

Alors que dans le radié, le couple oxydes/monoterpènes ne représente que 70 à 80% du total.

Les deux huiles ont donc clairement un tropisme respiratoire et semblent assez facilement interchangeables. Et elles peuvent l’être dans certains cas. Mais on a coutume d’entendre que le globulus est plus pour les adultes et le radié plus adapté aux enfants. Ce n’est pas faux mais creusons un peu pour mieux comprendre.

Si on ne raisonne que sur le couple oxydes/monoterpènes, sachant qu’il est préférable de diluer les deux huiles on peut rapidement conclure que peu importe celle qu’on prend, il suffit d’adapter la dilution pour que ce soit à peu près équivalent. Dans ce cas, dire que le globulus est réservé aux adultes à cause de son fort taux d’oxyde n’a pas vraiment de sens.

Il faut donc creuser un peu plus pour comprendre leur différence. Et leur différence se situe au niveau des autres composants. Dans le globulus il y a des cétones. Et il est bon d’avoir immédiatement un réflexe de prudence vis-à-vis des personnes en bas-âge. Même si les cétones sont en très faible quantité, leur présence fait que le globulus n’est pas adapté en dessous de 12 ans.

Le radié quant à lui n’a pas de cétone, mais ce n’est pas que pour ça qu’il est adapté à partir de 3 ans. Car en plus de ne pas avoir de cétone, il possède un taux intéressant d’alcool monoterpénique qui va en adoucir l’utilisation. Et c’est la combinaison de ces deux facteurs qui rend l’utilisation du radié plus adapté aux enfants.

Petite précision, les âges limites peuvent varier d’un·e auteur·e à l’autre, ne soyez donc pas étonné·es de voir des âges différents ailleurs. On veillera quoi qu’il en soit à adapter la dilution à la personne. Pour faire simple, on peut dire que le globulus est équivalent au radié pour un adulte mais pas pour les enfants.

Autre subtilité, le globulus sera plus adapté pour traiter les voies respiratoires basses alors que le radié est plus adapté aux voies respiratoires hautes. Une subtilité qu’on n’utilise pas forcement mais il est toujours bon de le savoir.

On peut donc faire une synthèse simple des 3 eucalyptus, non pas pour retenir toutes leurs propriétés mais pour garder à l’esprit leurs différences :

Pour finir on mentionne quand même les précautions d’emploi. Les personnes asthmatiques, épileptiques, enceintes et allaitantes devront demander un avis médical avant utilisation.

Détermination de la famille botanique à partir de l’observation de la fleur

Quand on commence la botanique, il n’est pas toujours facile de déterminer la famille d’une plante. Il existe bien des flores avec des clés de déterminations, mais celles-ci ne sont pas toujours adaptées à une utilisation ludique.

Voici donc une méthode qui n’a pas la prétention d’identifier toutes les familles mais qui devrait fonctionner dans un grand nombre de cas si on peut observer la fleur.

Comme point de départ, nous allons partir du nombre de pétales. On va donc regarder si la fleur est de type 3, de type 4 ou de type 5.

Pour rappel une fleur de type X est une fleur qui a X pétales ou un nombre de pétale égal à un multiple de X. par exemple une pleur de type 3 aura 3 ou 6 pétales

Si la fleur est de type 3

  • Si elle a également 3 étamines, il y a de fortes chances qu’on soit face à une Iridaceae !
  • Si elle n’a pas 3 étamines, on va regarder si la fleur est actinomorphe ou zygomorphe :
    • si elle est zygomorphe, c’est une Orchidaceae
    • si elle est actinomorphe, il y a des chances qu’elle ait 6 étamines. Dans ce cas on va regarder si on a affaire à un ovaire super ou infer :
      • si c’est un ovaire super alors c’est une Liliaceae
      • si c’est un ovaire infer alors ce sera une Amarilydaceae

Si la fleur est de type 4

  • Si elle a 2 étamines, alors là on a bien plus que la famille on a aussi le genre, nous sommes face au genre Veronica de la famille des Scrophulariaceae.
  • Si elle a 4 étamines, alors en France ( j’insiste sur le « en France »), il y a des chances que ce soit une Rubiaceae.
  • Si elle a 6 étamines, c’est une Brassicaceae.
  • Si elle a 8 étamines, c’est une Onagraceae.
  • Si elle a beaucoup d’étamines (difficile à compter d’un seul coup d’oeil ), c’est une Papaveraceae.

Si la fleur est de type 5

  • Si l’inflorescence est en ombelle d’ombellules, nous sommes face à une Apiaceae.
  • Si l’inflorescence est en capitule et que les étamines ne sont pas vraiment visibles, alors c’est une Asteraceae.
  • Si on n’est pas dans l’un des cas ci-dessus, on regarde si la fleur est actinomorphe ou zygomorphe.

Fleur zygomorphe

  • Si la fleur est zygomorphe et que la corolle est papilionacée, on est face à la fleur typique des Fabaceae.
  • Si la fleur est zygomorphe et que la corolle est bilabiée :
    • si le fruit est un tétrakène, alors c’est une Lamiaceae
    • si le fruit est une capsule et que la fleur a 4 étamines, alors c’est une Scrophulariaceae

Fleur actinomorphe

  • Si on a 5 étamines :
    • et que la cyme est unipare scorpioïde, alors on est face à une Boraginaceae
    • sinon, on est face à une Solanaceae qui doit réunir les critères suivants :
      • les 5 étamines forment une pointe
      • les fruits sont des baies,
      • les feuilles sont alternes,
      • et on distingue 2 carpelles.
  • Si on a 10 étamines :
    • avec des fruits en bec, alors on est dans la famille des Geraniaceae
    • et une cyme bipare, il y a des chances que ce soit une Caryophilaceae
  • Si on a N étamines : c’est le cas le plus délicat 🙂 Donc on a une Fleur de type 5 > actinomorphe > à N étamines. Là c’est un peu plus compliqué car il y a pas mal de choses à regarder !
    • si on a 3 grands sépales + 2 petits et que les feuilles sont opposées, on peut penser à la famille des Cistaceae
    • si on a les étamines soudées en faisceaux et des feuilles alternes, on peut penser à la famille des Malvaceae
    • si on a des feuilles alternes sans stipules avec N carpelles, on peut penser à la famille des Renonculaceae
    • sinon, on peut penser à la famille des Rosaceae :
      • si la plante est ligneuse, on regardera si les feuilles sont bien alternes
      • si la plante est herbacée, on vérifiera qu’il y a bien un double calice

Cette méthode n’est pas infaillible, ni exhaustive, mais il s’agit juste d’une aide pour démarrer et pouvoir identifier plusieurs familles sans trop de difficulté.

Bonne découverte des plantes !